L’initiative Pananetugri pour le Bien-être de la femme (l’IPBF) a soumis ce mardi 9 novembre 2021, à Ouagadougou, au ministère en charge de l’éducation, un document de plaidoyer en faveur de l’amélioration des systèmes éducatifs sensibles à l’égalité des genres. Ce document fait état de la situation actuelle de l’accès et du maintien des filles dans le système éducatif Burkinabé
Plus d’un million de déplacés internes dont 40% d’enfants et plus de 2 200 écoles fermées affectant 300 000 élèves, ce sont les données officielles récentes sur l’impact socio-éducatif de la crise sécuritaire au Burkina Faso. Fort de ce constat, l’IPBF interpelle les décideurs politiques à s’engager dans le développement et la révision des plans d’action visant à favoriser l’éducation des filles.
En guise de recommandations, l’IPBF suggère au ministère en charge de l’éducation nationale de s’appuyer sur les données en matière de besoins et de stratégies plus adaptées, pour résorber l’ensemble des enfants déplacés internes. Il s’agit d’assurer le maintien des enfants déplacés internes dans le cursus scolaire jusqu’au niveau du secondaire.
Outre cette recommandation, l’IPBF propose au ministre en charge de l’éducation de plaider auprès de ses pairs pour qu’une attention soit accordée à la scolarité des enfants déplacés internes et ce, au même titre que la question de la reconquête du territoire burkinabé. « Cette attention doit se manifester par une meilleure maîtrise des données concernant les élèves déplacés internes, notamment les filles », mentionne Ezoma Juliette Nathalie Bakyono, présidente de l’IPBF.
L’IPBF recommande également aux élus de l’Assemblée nationale de voter une loi pour rendre le droit à l’éducation opposable à l’État et aux parents avec une mention particulière pour l’éducation des filles en situation d’urgence. « Le droit à l’éducation est un fait au Burkina mais il n’y a pas de sanction à l’égard de ceux qui n’envoient pas leurs enfants à l’école », explique Ezoma Juliette Nathalie Bakyono, présidente de l’IPBF
L’engagement du ministère en charge de l’éducation
La conseillère technique du ministère en charge de l’éducation, Yvette Dembélé promet de transmettre le document de plaidoyer au ministre pour examen et prise en compte des recommandations. Elle rassure également que des mesures seront prises pour que ce plaidoyer aboutisse à un résultat favorable à l’éducation des filles. « Le cri de cœur lancé ce matin, devient le nôtre. Que le sort de la providence nous place dans un contexte favorable ou défavorable, l’éducation des filles restera notre leitmotiv et notre combat », rassure Yvette Dembélé, conseillère technique du ministère en charge de l’éducation.
Le ministère en charge de l’éducation entend intégrer les recommandations du plaidoyer dans les échanges des prochaines assises nationales de l’éducation. Ces recommandations seront intégrées dans le prochain pacte avec l’engagement de tous les acteurs de l’éducation.
« Très bientôt nous allons tenir les assises nationales sur l’éducation, les discussions vont intégrer toutes ces recommandations. Au sortir de ces assises, nous aurons un nouveau pacte national qui engage tous les acteurs pour la promotion de l’éducation de tous les enfants en général et des filles en particulier », précise Yvette Dembélé, conseillère technique du ministère en charge de l’éducation.
Message des jeunes filles à l’endroit du président du Faso
La situation sécuritaire du Burkina Faso préoccupe les jeunes filles. A l’occasion de la cérémonie de remise du document de plaidoyer, elles ont interpellé le chef de l’État burkinabé sur l’insécurité qui affecte la scolarité des enfants dans les zones à fort défi sécuritaire.
« Nous sommes inquiètes pour l’insécurité qui règne au Burkina Faso, nous sommes préoccupées par tous ces enfants déplacés internes dont la scolarité est perturbée », dit Latifatou Ouédraogo, représentante des jeunes filles.
Les jeunes filles sollicitent l’intervention du président du Faso en vue de leur garantir l’accès à l’éducation en toutes circonstances. Elles souhaitent étudier en toute quiétude pour acquérir des connaissances qui leur permettront de contribuer au développement de leur pays.
« Qu’il prête une attention particulière aux chiffres concernant les élèves déplacés internes, notamment aux filles. Qu’il se penche pour entendre notre gémissement de douleur, nous souhaitons qu’il ne ménage aucun effort pour que nous restions fières d’avoir un président pour qui l’éducation des filles est une priorité. Nous souhaitons apprendre à lire et à écrire, nous souhaitons nous doter des compétences nécessaires pour construire notre chère patrie », plaide Latifatou Ouédraogo.
Le document de plaidoyer est le fruit d’un projet dénommé « plaidoyer guidé par les données pour l’éducation des filles dans les situations de crise en Afrique ». A travers ce projet, l’IPBF a outillé les organisations de défense des droits des filles et des femmes sur l’utilisation des données en faveur de l’éducation des filles en situation d’urgence.
Mary Sorgho