L’ONG Oxfam a produit un rapport sur l’indice de réduction des inégalités au Burkina Faso. Intitulé « la crise des inégalités en Afrique de l’Ouest : lutter contre l’austérité et la pandémie : cas du Burkina Faso », le rapport met l’accent sur les dépenses publiques, la fiscalité et les droits du travail. A travers ledit rapport, Oxfam propose des pistes de solutions pour réduire les inégalités en vue de l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD).
Le gouvernement burkinabè prévoit une réduction des budgets publics à hauteur de 1,27 milliard de dollars d’ici 2026. Selon le rapport d’Oxfam, une réduction de cette ampleur contribuera non seulement à augmenter les inégalités mais aussi à compromettre toute chance d’atteindre les objectifs du développement durable d’ici à 2030. Sur la base des données collectées, l’ONG Oxfam à travers son rapport propose à l’Etat burkinabè des pistes de solutions pour réduire les inégalités dans plusieurs secteurs d’activités.
En matière de fiscalité, Oxfam suggère au gouvernement d’augmenter les recettes fiscales pour qu’elles atteignent 20% du PIB d’ici 2030. « Actuellement nous sommes à 16%. L ’augmentation de ces recettes fiscales pourrait contribuer à financer des dépenses publiques notamment dans les domaines de la santé et de la protection sociale », mentionne Issaka Wandaogo, responsable de l’unité d’influence de Oxfam au Burkina et présentateur du rapport.
Oxfam propose également à l’Etat de fixer le taux d’imposition sur les bénéfices des entreprises à 30%, conformément à ce niveau maximal d’imposition de revenus des individus préconisé par l’UEMOA.
En ce qui concerne la politique liée au travail, le rapport recommande au gouvernement burkinabè de formaliser davantage les entreprises et garantir les droits de la protection sociale et personnelle des travailleurs. « Il y a beaucoup d’entreprises qui sont informelles. L’Etat doit faire des efforts pour formaliser certaines entreprises. Cela constitue pour eux une bouffée d’oxygène qui peut être investie dans les services publics pour réduire les inégalités », indique Issaka Wandaogo. A travers le rapport, l’ONG invite également l’État à renforcer le respect théorique et pratique des conventions mondiales en augmentant le SMIG des salariés conformément au taux de la croissance nominale du PIB.
Le gouvernement doit agir prioritairement dans les secteurs de l’éducation, la santé et l’agriculture afin de réduire les inégalités
Selon un rapport de l’UNESCO, près de 750 000 enfants burkinabè ne vont pas à l’école. Fort de ce constat, Oxfam interpelle les autorités burkinabè à utiliser de façon efficiente et efficace les ressources principales pour permettre à tous les enfants d’avoir accès à une éducation de qualité. « On constate que c’est près de 23% du budget national qui est accordé au secteur de l’éducation. On s’en félicite mais quand on regarde dans les détails, il y a encore beaucoup d’enfants qui ne vont pas à l’école. Donc nous disons que l’Etat doit encore fournir des efforts pour que les enfants des pauvres puissent aller à l’école », suggère le responsable de l’unité d’influence de Oxfam au Burkina.
Sur le plan sanitaire, Oxfam interpelle le gouvernement à honorer ses engagements en augmentant le budget alloué à ce secteur. « Au niveau de la santé, l’Etat alloue 11% de budget alors qu’il a pris des engagements pour rehausser le budget à 15% », révèle Issaka Wandaogo.
Le budget alloué au secteur agricole est de 5%. A ce titre, Oxfam suggère à l’Etat de faire des efforts pour atteindre l’objectif de Malabo qui est d’accorder au moins 10% du budget au secteur agricole. « Il y a eu des moments où nous sommes passés à 14% et le Burkina était qualifié de champion de Maputo mais malheureusement nous sommes aujourd’hui à 5%. Nous souhaitons qu’on puisse revenir à ce taux », souhaite Issaka Waondaogo.
Le rapport de Oxfam préconise également une augmentation de l’enveloppe financière au profit de la protection sociale des personnes défavorisées. Il s’agit des personnes âgées, des personnes handicapées, des chômeurs, des mères et des enfants.
Les ressources prévues pour solder la dette peuvent être mis à contribution pour réduire les inégalités
Entre 2020 et 2021, le service de la dette a absorbé 53,7% des recettes publiques du Burkina. Les initiatives de suspension de la dette promulguées par les pays du G20 en 2020 se sont avérées insuffisantes. Oxfam exhorte donc à l’Etat à analyser les perspectives d’un engagement envers le marché régional. Le but de cette action est de réorienter les sommes destinées à solder la dette vers les dépenses pour l’atteinte des ODD.
« Au lieu de prendre les ressources pour payer la dette, on peut utiliser ces ressources pour investir dans les services publics notamment la santé, l’éducation et la protection sociale », suggère Issaka Wandaogo.
Le rapport a été présenté ce mercredi 3 novembre 2021 à Ouagadougou. En vue de s’assurer de la mise en œuvre de ses recommandations, Oxfam entend mettre à la disposition de tous les ministères, une copie du rapport.
Marie Sorgho