Ce qui s’est passé à Banlo dans la commune de Bourom-Bouroum au Burkina Faso est le summum de la barbarie. Pendant que ne savons plus où donner de la tête avec des terroristes qui nous attaquent de partout, nous nous sommes réveillés ce samedi 28 août avec une nouvelle des plus effrayantes : des individus au 21eme siècle, plus précisément en l’an 2021, se sont permis d’ôter la vie à trois jeunes hommes impliqués dans un accident mortel pour se rendre justice.
Scandalisés et écœurés par cette nouvelle, les burkinabè ne s’en reviennent toujours pas. Jusqu’à ce que l’information soit confirmée par les autorités administratives, d’aucuns pensaient à un Fake news, ne pouvant pas se résoudre à admettre que cet acte barbare et moyenâgeux, digne de films Hollywoodiens ait été commis par des burkinabè et sur des burkinabè.
Et pourtant, ce phénomène n’est pas nouveau dans le pays. On ne compte plus les conducteurs qui ont pris la fuite pour aller se réfugier dans un commissariat, suite à un accident mortel. C’est même devenu la règle. Dès qu’un accident survient, le chauffeur se voit obligé de prendre la poudre d’escampette pour échapper à un lynchage par les riverains. Cela se passe ainsi dans toutes les localités du Burkina. Le drame aurait pu se produire n’importe où sur le territoire national. Même Ouagadougou, la capitale ne fait pas exception. Le sort a simplement voulu que ce soit à Bouroum Bouroum. Il nous faut donc éviter de stigmatiser un peuple et nous regarder en face dans un miroir. C’est alors que nous allons découvrir honteusement, la face cachée des burkinabè que nous sommes devenus : aigris et mesquins, cupides et gourmands, antipathiques, vindicatifs. Et j’en passe.
Oui aujourd’hui nous sommes ahuris, consternés, scandalisés, révoltés, meurtris, etc… Pourtant nous devons reconnaître en toute honnêteté que nous l’avons vu venir mais n’avons rien fait pour l’empêcher. Ce drame de Banlo est le résultat de notre indifférence, notre léthargie, notre laisser-faire. Bref, c’est le résultat d’un échec collectif.
Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi autant d’incivisme et de violence ? Qu’est-ce que peut justifier la multiplication des cas de vindictes populaires ces dernières années ? Quelle place donnons-nous encore à notre police, gendarmerie, armée et autres pouvoirs publics ? Qu’est-ce que nous n’avons pas fait et que pouvons-nous faire pour éviter que pareil drame ne survienne dans notre communauté ?
Voilà autant de questions que chacun d’entre nous devrait se poser, seul et face à soi-même si nous voulons mettre un terme à la violence et vivre en paix dans ce pays.
Même l’acte le plus ignoble à son côté positif : les enseignements à en tirer. Que Banlo serve d’exemple afin que plus jamais de telles atrocités ne se reproduisent au Faso, le sol de nos aïeuls.
F.SO