Reine incontestée du jazz et de la soul, incarnation du glamour, sa vie n’a pourtant pas été un long fleuve tranquille.
Sa voix puissante et sensuelle était reconnaissable entre mille. Le 16 août 2018, Aretha Franklin s’éteint. Elle laisse un immense héritage musical et plus de 75 millions d’albums vendus. Mais la diva aux dix-huit Grammy Awards, élue meilleure chanteuse de tous les temps par le magazine Rolling Stones, est aussi connue pour ses prises de position politiques et féministes ainsi que pour son destin rythmé par des drames et des violences conjugales. Retour sur le parcours d’une femme engagée, figure emblématique de la communauté noire.
Du gospel au rhythm and blues
Aretha Franklin naît le 25 mars 1942 à Memphis, dans le sud des Etats-Unis. Son père est un pasteur baptiste, militant des droits civiques. Comme ses sœurs, Aretha suit l’exemple de leur mère, chanteuse de gospel, et se joint à la chorale de la paroisse dont elle devient la soliste. Le producteur John Hammond, découvreur de Billie Holiday, lui fait signer son premier disque… à 14 ans ! Le succès tarde pourtant à venir. Dix ans et autant d’albums plus tard, Aretha change de label et de style. Fini le jazz, place au rhythm and blues ! De 1967 à 1969, elle enregistre six albums et les chansons Respect, Baby I Love You et A Natural Woman se hissent en tête des hit-parades. La reine de la soul est née.
Une chanteuse engagée
Producteur chez Atlantic Records, Jerry Wexler lui offre un nouvel élan de liberté à la fin des années 1960. La chanteuse dont la voix couvre cinq octaves (un piano en couvre sept) libère toute sa ferveur au piano, enchaîne les tubes et les tournées. De la soul au r’n’b, de la pop au jazz, Aretha parvient à réunir tous les genres musicaux afro-américains. Des années de gloire qui coïncident avec les tourments de la société américaine, la montée en puissance du mouvement des droits civiques et la débâcle de la guerre au Vietnam. Proche de Martin Luther King Jr, la chanteuse reverse régulièrement ses cachets à des collectes de fonds et ses hymnes électrisent les activistes. Respect, une reprise d’un titre d’Otis Redding, devient sa chanson signature. Aretha fait de ce texte évoquant les problèmes de couple un cri féministe et politique.
Entre ferveur et douleur
Les années suivantes sont moins heureuses. La chanteuse divorce d’un mari infidèle et violent et sombre dans la dépression, l’alcool et la boulimie. On la dit colérique et paranoïaque, en quête de reconnaissance. Pour tenter de relancer sa carrière, Aretha change à nouveau de cap, épousant les tendances de l’époque comme le funk et le disco mais revient aussi aux sonorités gospel de son enfance. Après une apparition dans le film culte The Blues Brothers, elle multiplie les collaborations fructueuses et entre en 1987 au Rock & Roll Hall of Fame, le Panthéon de la musique américaine, à l’occasion de ses trente ans de carrière. Si le rythme des sorties se ralentit, elle fait des apparitions spectaculaires, comme en 2009 lors de la cérémonie d’investiture de Barack Obama. A son décès, celle qui se présentait comme une simple chanteuse de gospel laisse un trou béant dans le paysage musical américain.
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