Le Centre de Recherche et d’Intervention en Genre et Développement (CRIGED) a organisé une conférence-débat sur le mouvement féministe au Burkina Faso. Placée sous le thème « les différents moments de l’histoire du féminisme », l’activité s’est déroulée ce jeudi 8 avril 2021 à Ouagadougou.
« Qu’est ce qu’on entend par féminisme et qu’est ce qu’on veut défendre » ?, s’est interrogée Dr Nestorine Sangaré, la première panéliste au cours de cette conférence-débat. De son point de vue, il ne sert à rien de se proclamer féministe si l’on n’est pas conscient de ce pour quoi l’on s’engage.
« Nous voulons que chacun sache ce qu’il est en train de faire pour ne pas s’embarquer et se retrouver en train de promouvoir des choses qu’il ne comprend pas ou qui peut avoir des conséquences négatives sur la société », a laissé entendre Nestorine Sangaré , directrice du CRIGED.
Pour sa part, il convient de définir clairement le féminisme et de s’assurer qu’il soit conforme aux valeurs que prône chaque société.
« Le féminisme est quelque chose de bien tant qu’il est limité à la promotion des droits humains fondamentaux et non à des perversions des nouveaux droits auxquels notre société dans son ensemble n’est pas ouverte », a-t-elle mentionné.
Dans la même dynamique, Julie Rose Ouédraogo, une autre panéliste a souscrit au principe selon laquelle il est nécessaire de définir clairement le féminisme afin de circonscrire l’action de ceux qui s’engagent à être des féministes.
« Si on arrive à se comprendre sur ce concept à polémique, peut-être qu’on arrivera à mieux asseoir notre lutte pour la promotion des droits de femmes et contre les violences à l’égard des femmes », a clamé Julie Rose Ouédraogo, magistrat.
La troisième panéliste a axé sur son intervention sur le féminisme en lien avec le genre. Selon elle, le genre est un ensemble très vaste qui englobe le féminisme si toutefois il est vu comme une stratégie de lutte pour l’amélioration des conditions de vie des femmes.
Dans le cadre de la promotion du genre, Assétou Sawadogoo note que beaucoup d’acquis ont été engrangés dans les domaines de la santé et de l’éducation. Cependant il reste des défis à relever sur le plan politique, notamment celui du respect du quota genre dans les instances de décision « jusqu’à présent on n’a pas encore eu ce seuil minimal critique des 30% des femmes à l’assemblée. Ça c’est un gros défi et vous savez que c’est là que les choses sérieuses se jouent et si les femmes ne sont pas là ça c’est un sérieux problème », regrette Assétou Sawadogo, SP CONAP genre.
Elle a mentionné également que des défis demeurent dans les domaines de l’éducation et de la santé. « Au niveau de l’éducation, il y a toujours le problème de l’achèvement des études gangréné par le phénomène des grossesses non désirées. Au niveau de la santé, les femmes continuent de mourir en couche, ce qui n’est pas normal », a déploré Assétou Sawadogo, SP CONAP genre.
Cette conférence-débat s’inscrit dans le cadre des activités de la commémoration du 8 mars 2021.
Marie Sorgho