Concilier plusieurs responsabilités n’est pas toujours chose aisée pour les femmes surtout pour celles qui se sont engagées dans une carrière scientifique. Pourtant certaines d’entre elles ont réussi à tirer leur épingle du jeu malgré les difficultés. Zoom sur le parcours de 3 femmes scientifiques.
Sociologue de formation, Docteure Lydia Rouamba a connu un parcours parsemé d’embûches. Après l’obtention de son baccalauréat, elle a été orientée en sociologie à l’université de Ouagadougou où elle obtient sa maîtrise en 1990 . « Ce n’était pas comme maintenant où on peut faire le master, il fallait aller à l’étranger parce qu’on n’avait pas un master en sociologie », a-t-elle confié. Faute de pouvoir continuer ses études à l’université de Ouagadougou, Lydia s’est lancée à la recherche d’emploi.
A travers cette quête, elle a exercé dans l’enseignement comme professeur de philosophie avant de décrocher simultanément des postes dans plusieurs projets. Dans l’exercice de ses fonctions, Lydia a dû faire face à la rivalité des hommes sans céder au découragement. « Je ne me laissait pas faire, l’adversité m’a construit une personnalité de battante », a-t-elle déclaré. Outre l’adversité, Dr Roumba a dû concilier sa vie familiale et professionnelle pour s’en sortir. « Avec mon bébé à la main je répondais présente et je parcourais les villages », a-t-elle mentionné.
Après cette expérience professionnelle Dr Lydia Rouamba obtient en 1999 une bourse qui lui a permis de se rendre à Genève pour préparer le DEA. Le DEA en poche, elle a décidé de rentrer au pays où elle a encore travaillé avant d’obtenir une autre bourse pour préparer son doctorat entre 2006-2007 à Montréal . « Entre temps dans mon parcours, je me suis mariée, j’ai eu des enfants », a-t-elle précisé avant d’ajouter :
« Quand je suis rentrée, j’ai déposé ma demande à l’université et à la recherche et c’est la recherche qui a répondu favorablement. C’est ainsi que j’ai intégré l’institut des sciences ».
Actuellement Dr Lydia Rouamba est chargée de recherche à l’institut des sciences des sociétés du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (INSS/CNRST). Elle est également la directrice générale du Centre National de l’Information, de l’Orientation Scolaire et Professionnelle et des Bourses (CIOSPB).
Marie Françoise Ouédraogo: » le parcours de la femme scientifique est toujours parsemé d’obstacles »
Mathématicienne de formation, docteure Marie Françoise Ouédraogo est l’une des premières femmes du Burkina à soutenir une thèse en mathématique. Sa décision de faire les mathématiques à l’université n’a pas été approuvée par certains membres de sa famille. « Certains parents ont essayé de me décourager de faire les maths », a laissé entendre Dr Ouédraogo.
De son parcours de femme scientifique, Marie Françoise a déploré le manque de soutien de certains professeurs qui lui ont dissuadé de faire les maths. « Vous avez beau avoir les capacités, quand vous n’avez pas le soutien de vos profs c’est compliqué. Vous êtes souvent confronté au sexisme de certains profs qui vous disent souvent d’aller faire d’autres filières », a-t-elle déploré. Même si elle a dû persévérer pour s’affirmer, elle reconnaît que le parcours de la femme scientifique est toujours parsemé d’obstacles.
« Moi je tenais à faire les maths parce que ça me plaisait, malgré tout je tenais. On est là, on a prouvé qu’on a notre place mais ce n’est pas simple tous les jours. Comme on n’est pas nombreux dans le domaine, il faut se battre tous les jours », a-t-elle déclaré.
Cette expérience a conduit Marie Françoise à s’engager dans la promotion des filières scientifiques auprès des jeunes filles. « Je travaille beaucoup dans la promotion des femmes mathématiciennes et à faire découvrir les maths aux jeunes filles tout en les encourageant à s’y s’inscrire »
Depuis 2013, docteure Marie Françoise Ouédraogo est la présidente d’une association des femmes mathématiciennes au niveau de l’Afrique. Après sa thèse de troisième cycle en algèbre, elle a été recrutée à l’Université de Ouagadougou et est passée par le CAMES pour être maître assistante. « J’ai fait une seconde thèse en France et je suis revenu », a-t-elle précisé.
Edith Ilboudo : » Le désintéressement des jeunes filles vis-à-vis des filières scientifiques est liée aux méthodes d’enseignement
Docteure Edith Ilboudo/ Tapsoba a évolué dans le domaine des sciences de la vie et de la terre (SVT).
Après son baccalauréat, son père l’a encouragé à faire la médecine à l’université mais sa passion pour la science l’a conduite à s’inscrire en SVT. Au cours de sa thèse, Edith Ilboudo a été confronté aux difficultés liées au travail de terrain. « Les travaux terrain étaient un peu pénible », a-t-elle révélé.
Selon Edith Ilboudo, le désintéressement des jeunes filles vis-à-vis des filières scientifiques est liée aux méthodes d’enseignement.
« C’est dans les manières d’enseigner les mathématiques qui pose problème et il faut revoir le système d’enseignement pour que les filles puissent s’y intéresser mieux », a suggéré Dr Edith Ilboudo. Après sa thèse, Elle a été recrutée à l’institut des sciences comme enseignante chercheure et maître assistante.
Ce partage d’expérience s’est déroulé à l’institut de recherche pour le développement (IRD) à l’occasion de la 6e édition de la journée des doctorantes.