Plat de résistance dérivé du manioc, l’attiéké est l’un des produits alimentaires qu’on retrouve fréquemment dans les assiettes des burkinabè. Et cela grâce aux femmes. De la production à la commercialisation, elles sont à tous les niveaux de la chaine de valeur de l’attiéké. Ce produit serait-il la mascotte de la gente féminine ?
« S’’il y a un produit venu du ciel pour favoriser l’autonomisation des femmes, c’est bien le manioc ». C’est ce pense Florence Bassono, promotrice de Faso Attiéké, une entreprise engagée dans la production de l’attiéké basée à Ouagadougou depuis 2009. Grâce à la production de l’attiéké, Faso Attiéké emploie une cinquantaine de femmes.
Au regard des opportunités d’emploi qu’il crée, Florence Bassono le perçoit comme un produit porte-bonheur pour les femmes.
A l’instar de Faso Attiéké, il existe des centaines d’unités de transformation de manioc au Burkina Faso allant des plus petites unités à l’échelle familiale aux plus grandes comme Nanalim. Créée par Sabine Zoumbara/Nana, cette entreprise emploie également une cinquantaine de personnes, constituées en majorité de femmes, dont 20 permanentes.
Grâce à cette activité, les femmes parviennent à se prendre elles-mêmes en charge ainsi que leur famille.
« Grâce à la production de l’attiéké, il y a des femmes qui arrivent à s’en sortir facilement », témoigne David Armel Ouédraogo, responsable qualité de l’entreprise Nanalim.
« Sur les 58 emplois permanent que nous avons créé, nous avons 50 femmes qui travaillent, qui ont un revenu permanent et qui arrivent à subvenir à leur besoin », a déclaré Florence Bassono, avant d’ajouter : « Ce sont environ 200 enfants qui sont soignés et scolarisés grâce à notre unité ». Persuadées des bénéfices que procure la vente de l’attiéké, les transformatrices du manioc ne conçoivent pas l’autonomisation de la femme sans ce produit alimentaire.
« Si l’on doit citer des produits favorables à l’autonomisation des femmes, et que l’attiéké n’est pas mentionné, c’est que nous sommes encore loin du compte », affirme Florence Bassono.
En plus des productrices, les revendeuses de l’attieké foisonnent à travers les grandes villes du pays. Cela va de simples revendeuses autour des marchés et des coins de rue aux restauratrices.
« Un gros goulot d’étranglement c’est la difficulté d’obtention de financement qui ralentit la production et même la commercialisation », a laissé entendre Florence Basono.
Malgré les contraintes liées à la production de l’attiéké, les transformatrices du manioc se réjouissent des recettes qu’ils tirent de ce produit alimentaire. Ces dernières ne se plaignent pas de ce qu’elles gagnent, au contraire elles se frottent les mains et remercient le ciel. « Nous produisons en moyenne 2 tonnes d’attiéké par jour et c’est rentable », a confié Kinswendsida David Armel Ouédraogo, responsable qualité de l’entreprise Nanalim. « Grâce à Dieu, il y a de quoi se réjouir, nous arrivons à honorer nos engagements auprès des employés », a ajouté dame Bassono.
Si l’attiéké est rentable pour celles qui en produisent, la réalité est légèrement tout autre chez les revendeuses.
L’attiéké, le produit dont on ne peut plus se passer
Installée au bord du goudron dans le quartier patte d’oie de la ville de Ouagadougou, cela fait 6 ans que Djénéba Kambou est revendeuse d’attiéké. Elle estime que la vente de l’attiéké à lui seul ne rapporte pas grand-chose raison pour laquelle elle y vend aussi d’autres mets pour se faire un grand bénéfice. « En réalité c’est le poisson que vendons avec l’attiéké qui nous procure un grand bénéfice si non l’attiéké en lui-même ne nous rapporte pas beaucoup », a déclaré Djénéba Kambou.
Tout comme dame Kambou, Sanata Kabré, une veuve est également revendeuse d’attiéké dans le quartier Dassasgho de la ville de Ouagadougou. En plus de l’attiéké, Sanata y vend d’autres plats tel que le haricot et les frites de pommes de terre. « De façon global, la vente de l’attiéké est rentable s’il l’on prend en compte le poisson et les autres plats qui l’accompagne. Mais d’un point de vue singulier je ne tire pas un grand profit de l’attiéké tout seul. C’est surtout avec le poisson et les autres plats que nous arrivons à faire beaucoup de bénéfice », a laissé entendre Sanata Kabré.
Malgré cette réalité, les revendeuses ne comptent pas abandonner de sitôt cette activité qui constitue leur gagne-pain quotidien. Même si elles peinent à se faire des bénéfices au même titre que les productrices, elles reconnaissent néanmoins que la vente de l’attiéké leur permet de mener une activité et de subvenir à leur besoin. Pour sa part dame Kambou emploie 3 jeunes filles qui l’aident dans son restaurant. Avec les recettes qu’elle gagne dans cette activité elle arrive à payer ses employés. « l’attiéké m’a permis de contribuer aux charges familiales. J’arrive également à payer les filles qui travaillent avec moi et cela est un sujet de satisfaction pour moi », reconnait Djeneba Kambou.
Dans la même dynamique Sanata Kabré reconnait que la vente de l’attiéké l’a affranchi de la pauvreté. « A travers la vente de l’attiéké, j’arrive à subvenir à mes besoins ainsi qu’à ceux de mes enfants », a-t-elle déclaré.
Les acteurs de la filière attiéké le considèrent comme un produit miracle pour l’épanouissement des femmes. Toutes autant qu’elles sont, productrices et revendeuses nourrissent la même ambition : envahir le pays avec l’attiéké made in Burkina et recruter encore plus de femmes.