Reconduit au poste de Premier ministre pour le second mandat de Roch Kaboré, Christophe Marie Joseph Dabiré a afin nommé ses ministres au nombre de 33. Près d’une semaine après, les analyses sur la nouvelle configuration du gouvernement continuent. Dans cet entretien accordé à la rédaction de Queenmafa.net, Salimata Nébié, Secrétaire générale de Think tank Burkina International, ne cache pas sa déception. Après le naufrage subi par les femmes lors des législatives, elle attendait un acte fort de la part du Président Kaboré. Plafond de verre, plancher glissant, murs mouvants …, pour elle ç’en est trop.
Que pensez vous de la reconduction de Christophe Dabiré au poste de Premier ministre pour le second mandat de Roch Kaboré, ?
La reconduction du premier ministre me paraît logique et bien réfléchie au vu des priorités que le président a définies pour le premier semestre de son mandat. La question de la réconciliation nationale et la poursuite des réformes engagées çà et là, sont à mon avis déjà portées par le Premier ministre qui est en terrain connu. C’est un vieil acteur de la vie politique nationale depuis des décennies. Il en connaît les défis et les enjeux et maîtrise parfaitement la dynamique des acteurs concernés. Il peut parler à tout le monde et son âge est un atout pour fédérer les dispositions positives et conduire ces urgences. Maintenant il faut faire vite parce que les burkinabé veulent vider tous ces abcès qui nous empêchent d’avancer. Le président a donné le ton dans son discours d’investiture. Aucune impasse ne sera faite sur les crimes de sang et les pillages économiques caractérisés. Justice doit être rendue aux citoyens et à la nation. J’espère que M. Dabiré aura le recul nécessaire pour rapidement faire le tour de la question qui a déjà été traitée sous toutes les coutures par toutes sortes d’institutions dédiées à cela. Du rapport du Collège des Sages (1999) aux productions diverses de HCRUN et Cie, la littérature abonde et il a une bonne vue d’ensemble des attentes des Burkinabé. Les victimes notamment des violences et atrocités commises dans le pays espèrent beaucoup de ce processus. Il ne faudrait pas diluer les situations claires et nous embarquer dans la fumée. La création du super ministère de la réconciliation ne saurait être un réceptacle de placements de camarades politiques. Des gens travaillent depuis au moins 5 ans sur les dossiers de réconciliation, il faut poursuivre avec eux. Ils sont la mémoire d’un processus douloureux, et personne ne devrait s’amuser à vouloir refaire le tour. On n’a pas le temps et il y a beaucoup à faire. J’ai confiance en la sagesse, la pondération et aussi l’envie du Premier ministre, de réussir cette mission avec tous les burkinabé et prioritairement les victimes et leurs ayants droit.
La création du super ministère de la réconciliation ne saurait être un réceptacle de placements de camarades politiques
Quels sont à votre avis les défis auxquels le gouvernement Dabiré II devra faire face ?
Le gouvernement a beaucoup de défis à relever, et aucun détail ne devrait être laissé au hasard. Vous savez comme on dit, le diable est dans le détail. Par exemple, le chantier en souffrance depuis 6 ans du tronçon Yalgado-échangeur de l’est. Le ministre responsable des infrastructures devrait montrer plus d’enthousiasme pour finir les travaux. C’est vraiment scandaleux et en tant que résidente de la ville de Ouagadougou, c’est inacceptable de vivre ce calvaire sans fin. Personne ne devrait s’habituer à l’inconfort et la médiocrité. Il doit agir parce que ce n’est pas normal et ç’est gênant s’il pense que les usagers s’en accommoderont. Je le dis ainsi parce que c’est une question de sécurité et de droit citoyen. Si on se garde de parler de ce genre de problème, on ne rend pas un bon service à la communauté. Ce chantier reste une vilaine tâche dans le bilan du quinquennat passé. Je tiens à le dire en tant que riveraine et aussi en tant que citoyenne.
Quelle analyse faites vous de la place des femmes dans le nouveau gouvernement ?
On attendait des femmes, on a en eu et c’est bien. Objectivement, ce n’est pas assez parce qu’il aurait pu avoir 50% s’il le voulait. La parité quoi ! nous en sommes (encore loin, mais on ne baisse pas les bras. Vous savez les femmes ont engagé un lobbying et un plaidoyer pieds à pieds avec les hauts responsables pour une participation significative des femmes dans l’exécutif. 9 femmes sur 36 ne sauraient être un motif de satisfaction pour moi. J’imagine que si ce plaidoyer et ces « négociations » n’avaient pas été faites, on se serait encore retrouvé avec une portion congrue de femmes au gouvernement. C’est une progression mais et on devrait encore aller plus loin dans les responsabilités, en nommant davantage les femmes à des postes de conseillers et autres postes stratégiques. Imaginez que le cabinet du chef de l’état soit à 50% composées de femmes . Ce serait une bonne chose. Une excellente chose même.
Il faut que les politiques respectent les femmes et arrêtent de les minimiser et de mépriser leur apport et contribution au développement.
La femme burkinabè est en train de tout perdre, entourée qu’elle est de tous les obstacles vicieux . Plafond de verre, plancher glissant, murs mouvants … c’est trop. 53% de la population dont 80% vivant en campagne et aucune perspective de pouvoir prouver leur valeur. Ce sont elles qui nourrissent le Faso quand même ! Ce sont elles qui sont les vraies entrepreneures privées rurales et urbaines. Même les banques qui n’ont de valeur que la recherche du profit le savent. Elles s’auto-emploient et débordent d’ingéniosité pour faire vivre leurs familles sans rien envier à ceux qui sont payés par l’état avec leurs impôts. Il faut que les politiques respectent les femmes et arrêtent de les minimiser et de mépriser leur apport et contribution au développement. Les politiques font tout pour tuer l’ambition des femmes et développent des pièges sociaux et culturels pour les empêcher de progresser. Les femmes doivent comprendre cela et se réveiller parce que personne ne va leur offrir des postes sur un plateau d’argent. Il faut qu’elles aillent exiger leur dû et prendre leur place. Ce sont des citoyennes à part entière au cas où certains l’oublieraient. Le traitement politique qu’elles subissent est indigne et révoltant mais, ce qui s’est passé leur apprendra à exiger le respect de leur droit à participer à égale valeur que les hommes. Elles seules peuvent faire comprendre que ça doit changer. Les femmes burkinabè ont prouvé par le passé et lors des grands bouleversements de notre pays qu’elles peuvent jouer un rôle. On a encore en mémoire le 27 octobre 2014 et leur sortie historique avec les spatules. Elles ont fait tomber des forteresses politiques. Elles devraient se préparer à sortir l’artillerie lourde cette fois pour voter des femmes aux municipales. Cela nous sauvera de la délinquance foncière dénoncée par l’assemblée nationale elle-même. J’espère qu’elles se rattraperont aux municipales. Elles doivent voter des femmes et rien que des femmes. D’ailleurs nous allons encourager et soutenir toutes les candidates aux municipales. Attendez de voir. On va déferler une vague rose sur les mairies. Et pour cela on fera du chef de l’état notre allié, sinon, nous allons troubler un peu son sommeil. Il faut qu’il nous entende et qu’il nous écoute. Comme c’est son dernier mandat, les femmes le mettront à l’épreuve. Seule la lutte libère. Si on réussit à faire un score de 50% au moins en raflant les sièges de conseillers locaux, ce serait un puissant gage et un engagement exceptionnel, qui prouveraient que plus rien n’est, et ne sera comme avant. L’affront des législatives serait lavé.
Quelle analyse faites vous de la place des femmes dans le nouveau gouvernement ?
On attendait des femmes, on a en eu et c’est bien. Objectivement, ce n’est pas assez parce qu’il aurait pu avoir 50% s’il le voulait. La parité quoi ! nous en sommes (encore loin, mais on ne baisse pas les bras. Vous savez les femmes ont engagé un lobbying et un plaidoyer pieds à pieds avec les hauts responsables pour une participation significative des femmes dans l’exécutif. 9 femmes sur 36 ne sauraient être un motif de satisfaction pour moi. J’imagine que si ce plaidoyer et ces « négociations » n’avaient pas été faites, on se serait encore retrouvé avec une portion congrue de femmes au gouvernement. C’est une progression mais et on devrait encore aller plus loin dans les responsabilités, en nommant davantage les femmes à des postes de conseillers et autres postes stratégiques. Imaginez que le cabinet du chef de l’état soit à 50% composées de femmes . Ce serait une bonne chose. Une excellente chose même.
Les politiques font tout pour tuer l’ambition des femmes et développent des pièges sociaux et culturels pour les empêcher de progresser.
Quels changements à votre avis pourraient révolutionner la situation de la femme ?
La femme burkinabè est en train de tout perdre, entourée qu’elle est de tous les obstacles vicieux . Plafond de verre, plancher glissant, murs mouvants … c’est trop. 53% de la population dont 80% vivant en campagne et aucune perspective de pouvoir prouver leur valeur. Ce sont elles qui nourrissent le Faso quand même ! Ce sont elles qui sont les vraies entrepreneures privées rurales et urbaines. Même les banques qui n’ont de valeur que la recherche du profit le savent. Elles s’auto-emploient et débordent d’ingéniosité pour faire vivre leurs familles sans rien envier à ceux qui sont payés par l’état avec leurs impôts. Il faut que les politiques respectent les femmes et arrêtent de les minimiser et de mépriser leur apport et contribution au développement. Les politiques font tout pour tuer l’ambition des femmes et développent des pièges sociaux et culturels pour les empêcher de progresser. Les femmes doivent comprendre cela et se réveiller parce que personne ne va leur offrir des postes sur un plateau d’argent. Il faut qu’elles aillent exiger leur dû et prendre leur place. Ce sont des citoyennes à part entière au cas où certains l’oublieraient. Le traitement politique qu’elles subissent est indigne et révoltant mais, ce qui s’est passé leur apprendra à exiger le respect de leur droit à participer à égale valeur que les hommes. Elles seules peuvent faire comprendre que ça doit changer. Les femmes burkinabè ont prouvé par le passé et lors des grands bouleversements de notre pays qu’elles peuvent jouer un rôle. On a encore en mémoire le 27 octobre 2014 et leur sortie historique avec les spatules. Elles ont fait tomber des forteresses politiques. Elles devraient se préparer à sortir l’artillerie lourde cette fois pour voter des femmes aux municipales. Cela nous sauvera de la délinquance foncière dénoncée par l’assemblée nationale elle-même. J’espère qu’elles se rattraperont aux municipales. Elles doivent voter des femmes et rien que des femmes. D’ailleurs nous allons encourager et soutenir toutes les candidates aux municipales. Attendez de voir. On va déferler une vague rose sur les mairies. Et pour cela on fera du chef de l’état notre allié, sinon, nous allons troubler un peu son sommeil. Il faut qu’il nous entende et qu’il nous écoute. Comme c’est son dernier mandat, les femmes le mettront à l’épreuve. Seule la lutte libère. Si on réussit à faire un score de 50% au moins en raflant les sièges de conseillers locaux, ce serait un puissant gage et un engagement exceptionnel, qui prouveraient que plus rien n’est, et ne sera comme avant. L’affront des législatives serait lavé.
FSO