Une étudiante fascine depuis le début de la semaine les médias indiens. Elle a 21 ans, est en deuxième année de mathématiques à l’université et vient d’être élue maire de Thiruvananthapuram, la capitale de l’État du Kerala. Une ville d’un million d’habitants, sur la côte sud-ouest de l’Inde.
Arya Rajendran est donc la plus jeune maire du pays : « Je vais, dit-elle, remplir mes devoirs de maire, mais continuer mes études. » Elle avait fait campagne, notamment sur la gestion des déchets et l’éducation des filles.
C’est une jolie histoire, dans un pays classé parmi les trois les plus dangereux pour les femmes, dont les crimes sexistes et les violences sexuelles sont régulièrement rapportées dans la presse mondiale, qui pointe à la 148e place mondiale pour la part (14%) des femmes dans les Assemblées nationales.
Arya est la fille d’un électricien, et d’une employée d’une compagnie d’assurances. Les deux sont communistes et si Arya ne se souvient pas des meetings où l’emmenait son père, son premier souvenir remonte à ses cinq ans, quand elle a adhéré au Balasangam, un équivalent des jeunesses communistes, en plus gros.
Le Kerala, État-pilote en Inde
Petit détail, son élection comme maire correspond à la première fois qu’elle a le droit de voter mais même sans le droit de vote avant, elle faisait campagne pour les autres, et a donc une certaine habitude de la politique, d’ailleurs les journalistes se disent impressionnés par ses propos rapides, précis et intelligents.
Il y a donc Arya, une jeune femme déterminée, et il y a le Kerala, un État peu ordinaire en Inde. Le Kerala, gouverné à gauche depuis l’indépendance, a le plus fort taux d’alphabétisation du pays. L’espérance de vie y est comparable à celles des pays occidentaux, c’est là que l’informatique a été introduite en premier dès le secondaire, et le nombre de femmes pour 1 000 hommes est de 1 084, contre 940 dans le reste du pays.
Arya Rajendran est donc devenue un symbole, que même les opposants politiques saluent et qu’une star de cinéma, née à Thiruvananthapuram lui aussi, l’acteur Mohanlal (340 films au compteur, trois fois plus que Tom Hanks et Tom Cruise réunis), a appelé dès le jour de sa nomination d’Arya à la mairie.
« Quand on éduque une femme, dit un proverbe arabe, on forme la société. Quand on éduque un homme, on forme seulement un individu. » Ce que l’écrivain François Cavanna résumait : « La femme pense à l’homme, l’homme pense à lui »…
Source: francetvinfo