Satisfaire à tout prix le désir sexuel de l’homme : voici une préoccupation majeure pour un grand nombre de la gent féminine. Si certaines, ont choisi la médecine pour tenter d’y parvenir, d’autres préfèrent miser sur les secrets de femmes, ces artifices utilisés pour attirer et maintenir les hommes. Queen Mafa dans l’univers des secrets de femmes !
« J’ai utilisé les secrets de femmes pour garder mon mari. L’intention était que si j’utilise le produit et qu’il goûte, qu’il ne puisse plus aller voir ailleurs. Ou que même s’il y allait, qu’il ne trouve de satisfaction sexuelle que lorsqu’il couche avec moi », révèle Samia, une femme d’une trentaine d’années. Mariée et mère de famille, elle a découvert l’existence des secrets de femmes par le biais d’une amie.
Depuis ce jour, Samia teste les différents « secrets » qu’elle trouve sur le marché. « J’ai expérimenté les cristaux de menthe avec l’accord mon mari. C’était pour la fellation et ça lui a plu », explique la jeune mère de famille. Pour ce qui est des autres produits qu’elle a testés, Samia préfère garder le secret.
Comme elle, Amina est une fervente utilisatrice des secrets de femmes. Commerciale dans une banque, elle est en relation de couple depuis plusieurs années. « Les hommes restent là où ça serre. Si là-bas c’est large, il va aller chercher d’autres filles. Pour le fidéliser, il faut lui donner ce qu’il veut donc moi je passe par les secrets de femmes », clame-t-elle.
Ces secrets de femmes, on en trouve à la pelle sur le marché sous diverses formes et accessible à partir de 500 f CFA. Des plantes, des mixtures, en passant par des parfums, des perles de reins ou des cristaux, tous sont utilisés pour satisfaire le désir sexuel de l’homme. Les dénominations de certains de ces secrets en disent long sur leurs utilités : « petit bandit », « mari fidèle », « i love you power », « coller-serrer », « clé de villa », « casser le lit », « serre-vagin » « femme fatale », …
Aicha Barry, 26 ans, une femme au foyer installée au Mali commercialise les secrets de femmes depuis quelques années. « Le vétiver ou gongolili et les perles de rein sont mes accessoires les plus sollicités », indique-t-elle. « Le vétiver est utilisé par les femmes dans le but de lubrifier naturellement l’intimité lors des hostilités. La vue des perles de reins autour de la femme rend cette dernière irrésistible aux yeux de l’homme », soutient la jeune dame.
Sa consœur, Emilienne Sourabié est passé d’institutrice à commerçante de secrets de femmes. Dans sa boutique Emi secrets, elle commercialise divers produits utilisés par les femmes : « nous avons des tisanes pour éviter les pertes blanches, les odeurs, les démangeaisons et la sécheresse vaginale sans oublier les règles douloureuses. Nous avons aussi des produits pour lutter contre la frigidité».
Que ce soit dans leurs boutiques respectives ou en ligne, le business des secrets semble être lucratif. La raison est simple : la gent féminine est très intéressée par ces produits. Les réseaux sociaux, les marchés, les magazines féminins : les femmes cherchent partout ces secrets. Le webmagazine féminin Queen mafa ne fait pas exception. Dans les recherches les plus populaires sur le site, la question comment avoir un vagin au top ou rétrécit revient fréquemment.
Sur les réseaux sociaux Facebook et WhatsApp, des groupes de discussions sont créés spécialement afin de parler, de partager les astuces, de vendre les produits pour pimenter les relations sexuelles et faire grimper le partenaire au rideau. Rien que sur Facebook, nous avons répertorié une centaine de groupes dédiés aux secrets de femmes. Dans certains de ces groupes, il y’a des milliers de femmes membres. C’est le cas de confidentialité féminine, moussoya , nuit épicées , secrets de femmes, …
Comment en est-on arrivé là ?
Quelques années plutôt, les secrets de femmes étaient réservés aux femmes âgées c’est-à-dire celles qui avaient atteint la ménopause. « A partir de la ménopause, la femme ne mouille plus bien donc ces secrets-là sont là pour l’aider lors des rapports », indique Biba Tiendrébeogo, une vendeuse de secrets.
« Après plusieurs accouchements, la flore vaginale n’est plus la même et une femme doit prendre soin de son corps raison pour laquelle il faut utiliser les astuces naturelles qui peuvent rendre la femme bien rétréci », renchérit Emilienne Sourabié, responsable de la boutique Emi secret.
Aujourd’hui, l’on constate que bon nombre de femmes de tous âges, ont rejoint le clan des utilisatrices de secret.
« Actuellement, tout le monde est rentré dedans. Pour les jeunes filles là même c’est grave », affirme Biba Tiendrébéogo. A en croire les propos de la quinquagénaire, les jeunes filles ont rejoint les femmes dans la danse parce qu’elles ont compris ce que les secrets peuvent leur apporter sur le plan financier. « Si tu utilises les secrets, l’homme va te donner tout ce que tu veux donc les jeunes filles sont rentrées dedans. Elles sont d’ailleurs nos meilleures clientes et peuvent dépenser plus de 100.000 franc sur les secrets », souligne la vendeuse.
Il est donc là le but : utiliser les secrets de femmes pour satisfaire l’homme afin que lui à son tour lui donne tout ce qu’elle veut !
Pour parvenir à combler ce désir sexuel de l’homme, les femmes ne reculent devant rien faisant fi des conséquences. Pourtant des conséquences, il y’en a à la pelle.
« Elle a utilisé les secrets…, aujourd’hui, elle ne peut même pas avoir de rapports sexuels avec lui »
Marina en a fait les frais : « Une amie m’a donné du bissap venu d’Abidjan qui était censé être un aphrodisiaque. Elle m’a assuré que ça faisait des miracles au lit donc je l’ai bu avant d’aller sous la douche et là j’ai failli mourir. J’ai eu des vertiges et mon cœur voulais lâcher tellement il battait fort. Je n’avais aucun désir sexuel, juste des fortes palpitations ». Depuis, cet épisode, Marina n’a plus touché au fameux bissap mais elle continue d’utiliser les cristaux de menthe qui eux aussi font partie du lot des secrets de femmes.
Anna, elle n’a pas testé les secrets de femmes et ne compte pas le faire. Le calvaire vécu par l’une de ses voisines, l’en a dégouté à vie. « Ma voisine a utilisé ça pour soit disant garder son homme mais aujourd’hui, elle ne peut même pas avoir de rapports sexuels avec lui », explique la jeune dame de 27 ans. Elle nous apprend que ladite voisine a introduit des secrets de femmes dans son vagin. Le lendemain, des démangeaisons puis des plaies l’ont obligé à aller à l’hôpital. « Elle a subi une intervention au cours de laquelle, ils ont tout raclé. Elle a survécu mais elle ne peut plus utiliser ses organes », raconte Anna.
« La fumée qui entre dans le sexe, c’est mauvais »
Des complications liées à l’usage des secrets de femmes, le Pr Charlemagne Ouédraogo, gynécologue obstétricien en a vu beaucoup.
« Ce sont des produits caustiques (substances toxiques susceptibles de détruire les tissus) qui créent des plaies et des cicatrices à type de brie dans le vagin. Le circuit vaginal devient alors comme un labyrinthe », explique le médecin. Il en est de même pour les secrets de femmes qui nécessitent la fumée ou la vapeur de certaines plantes. « Ce ne sont pas des produits médicaux.
La fumée qui entre dans le sexe c’est mauvais. C’est comme si vous mettez de la fumée dans vos narines, vous allez étouffer. Le vagin aussi étouffera. La médecine permet de rétrécir le vagin ; il ne faut donc pas jouer avec ces produits-là », martèle le gynécologue.
Le médecin souligne le fait que de nombreuses personnes passent par des produits traditionnels qui occasionnent des dommages irréversibles sur les femmes. « Nous déconseillons ces produits parce que cela va créer des plaies au niveau du vagin, perturber définitivement la sexualité de la femme et on ne pourra plus rien faire sur le plan chirurgical », explique le Pr Charlemagne Ouédraogo.
Pour preuve, chaque année, le Pr Charlemagne Ouédraogo et ses confrères reçoivent environ 400 femmes venues les consulter pour une chirurgie intime. « Sur ces 400 femmes, il y’a environ 15% qui ont déjà utilisé des produits traditionnels divers sous forme d’argile, d’ovule, de mixtures bizarres qu’elles achètent au marché ou ailleurs et ça leur a créer des problèmes », précise le gynécologue.
Le Pr Charlemagne Ouédraogo recommande à toutes les femmes qui se sentent larges de se tourner vers la médecine. « Nous allons l’examiner et voir s’il y’a besoin de faire une réparation chirurgicale qui ne nécessite souvent pas d’hospitalisation. Elle peut aussi faire en sorte que nous fassions une réparation sur mesure c’est-à-dire que la femme peut prendre les dimensions du pénis de son mari en érection avec lesquelles nous ferons une reprise chirurgicale du vagin qui respecte cette dimension comme une tenue que vous allez coudre », assure le Pr Charlemagne Ouédraogo.
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Malgré que bon nombre d’entre elles, connaissent les conséquences des secrets de femmes sur la santé, elles continuent quand même à les utiliser. D’où vient donc cette obsession d’user de tous les moyens pour parvenir à satisfaire le désir des hommes et ce au détriment de sa propre santé ?
« Si tu gagnes ton homme fait le. Si tu ne le fais pas une autre va le faire »
Si l’on en croit les propos de Aicha Barry, cette obsession est dû à l’infidélité des hommes. C’est pourquoi, les femmes mettent toutes les chances de leurs côtés pour pallier ces infidélités. « Un homme sexuellement comblé n’a pas de raison de voir ailleurs », soutient dame Barry.
« Les femmes n’ont pas le choix si elles veulent conserver leurs foyers et retenir leurs maris. Dehors, les jeunes filles sont prêtes à tout donc celle qui est à la maison doit se battre aussi », laisse entendre Biba Tiendrébeogo.
Pour Emilienne Sourabié, il ne s’agit pas d’une obsession mais plutôt d’une exigence de la société actuelle : « De nos jours, le slogan c’est si tu gagnes ton homme fait le. Si tu ne le fais pas une autre va le faire ». Selon ses explications, c’est devenu un monde de sauve qui peut et personne n’est à l’abri. « Si tu le fais tant mieux dans le cas contraire tant pis, car tu seras remplacé. Les filles tout comme les femmes d’aujourd’hui, personne n’a froid aux yeux ; chacune lutte pour ces intérêts donc quoi de plus normal que de mettre toutes les chances de son côté », clame Emi secrets.
Elle poursuit en expliquant que toute femme doit savoir gérer le ventre et le bas ventre de son partenaire avec délicatesse au quotidien. « En tant que femme, il ne faut jamais baisser les bras. Un foyer ça s’entretient et le plus grand boulot reviens à la femme », affirme dame Sourabié. De son point de vue, les secrets de femmes sont là juste pour éviter la routine, rester toujours jeune et coquette aux yeux de son homme même après 40 ans de vie commune.
Ce qu’en disent les hommes
Les avis de la gent masculine sont divisés sur la question des secrets.
« Je sais qu’elles ont des petites astuces mais je ne suis pas sûr de l’efficacité de ces secrets », explique Abdoul Karim Porgo, un jeune homme d’une trentaine d’années. « Dans toute relation, il y’a cette volonté de contrôler donc si croire qu’elle arrive à contrôler son homme avec ses secrets de femme la rend heureuse, c’est super », poursuit-il.
I.S, un autre jeune homme, qui vit en couple trouve que l’usage des secrets de femmes est tolérable tant que cela n’entraine pas de problèmes de santé : « Je n’aime pas la routine donc si elle innove souvent, c’est bien. Ça ne me dérange pas qu’elle utilise des secrets si cela ne joue pas sur notre santé ».
Roland Kaboré, homme de média, rejette l’idée d’utiliser les secrets de femmes dans sa vie de couple : « Je pense que ces secrets ne nous accompagnent pas jusqu’au bout. Je préfère donc le naturel ».
S.P, entrepreneur, pour sa part, compare les secrets de femmes au maraboutage. « Ce que je sais de ces produits, c’est que les femmes nous attachent avec et je ne suis pas d’accord avec ça. Si je suis dans une relation, je veux que ce soit volontaire, naturel et non parce ma partenaire a utilisé des trucs », déclare S.P.
Que ce soit par le recours à la chirurgie intime ou à travers l’usage des divers secrets de femmes, la gent féminine s’est fixée le défi de trouver LE moyen de satisfaire le désir sexuel de l’homme. Le dicton ne dit-il pas que l’homme est un éternel insatisfait ? Une chose est sûre, la quête du graal masculin est lancée et ça ne s’arrêtera pas de sitôt.
Faridah DICKO