A l’occasion de l’ouverture de la campagne pour les élections présidentielle et législatives du 22 novembre 2020, le président de la CENI a adressé un message aux burkinabè de l’extérieur et de l’intérieur. Voici le contenu de son message:
Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur
Candidates et candidats
A partir de 0 heure ce samedi, 31 octobre, la double campagne,
pour l’élection du président du Faso et l’élection des députés à
l’assemblée nationale va commencer.
C’est l’avant derrière étape cruciale dans le processus qui nous
conduit inexorablement au 22 novembre, jour des élections couplées.
Une étape cruciale, que l’on croyait si lointaine et qui est désormais
là, à portée de main.
Etape cruciale et nouveau challenge, celui des 13 candidats à
l’élection du président du Faso. Comme vous le savez, le Président
du Faso c’est la clé de voute de nos institutions.
C’est lui qui décide et gère nos destinés pendant un mandat de cinq
ans, selon un projet de société qu’il nous a exposé et nous avons
acheté. A lui donc, pendant les 5 années à venir nous allons remettre
les petites parcelles de souveraineté que nous détenons chacun. Et
c’est en vertu de ces petites parcelles de souveraineté que nous
détenons chacun que nous constituons le peuple du Burkina Faso !
La démocratie c’est un rêve commun du plus grand nombre d’un
idéal de société où s’exalte ce qu’il y a de meilleur en nous. Cette
belle fresque sociale, sociétale et idéale est celle que le suffrage
universel nous permet de peindre en mettant en commun, les pièces
du puzzle constitué en autant de souveraineté, de volontés, de désirs
qu’il y a de Burkinabè.
Autant une seule hirondelle ne fait pas le printemps, autant une seule
volonté, ne fait pas le choix du peuple. C’est pourquoi, la démocratie
impose que la majorité des citoyens qui pensent pareil, aspirent
pareil à un moment donné fassent prévaloir leur volonté et leur choix,
dans un assemblage parfait des petits bouts des puzzles de nos
volontés individuelles, appelé volonté du peuple. C’est pourquoi c’est
une erreur de croire que sa seule voix, ne peut rien changer. Votre
seule voix, qui est l’expression d’une volonté, d’un idéal si elle
rencontre et fait osmose avec des millions de voix, fait la décision et
change les choses. On ne peut pas à l’avance dire que sa voix, ne
peut rien changer. Il est certain cependant, que si des millions de
voix, expression d’un même idéal, d’une même volonté s’abstiennent
de s’exprimer, rien ne changera dans le sens qui aurait pu être
bénéfique à la société.
La campagne commence et les 13 candidats à la fonction du
président du Faso auront 21 jours pour vous convaincre d’assembler
le puzzle dans tel ou tel sens.
Au même moment, les candidats aux postes de député à
l’assemblée nationale, viendront aussi à vous. Dans
l’ordonnancement de nos institutions démocratiques, les députés se
sont vos représentants pour veiller à ce que en tout temps et en tout
lieu, votre volonté et vos intérêts, vous le peuple du Burkina Faso,
prévalent. Vous allez donc, le 22 novembre concéder votre
souveraineté à un des 13 candidats à la fonction du président du
Faso et dans la foulée, désigner les 127 députés chargé de contrôler
les actions de ce président du Faso et de son gouvernement.
Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur !
En tout cela, les 21 jours à venir sont très importants. Vous êtes
détentrices et détenteurs de la souveraineté et du pouvoir. Une
souveraineté et un pouvoir que les impétrants candidats aussi bien à
la fonction du président du Faso qu’à la fonction de député à
l’assemblée nationale, veulent que vous leur concédiez pour les cinq
années à venir. Soyez d’exigeants et d’intransigeants souverains.
Car il s’agit de l’avenir de notre bien le plus précieux ; le Burkina
Faso donc de l’avenir de chacun de nous. Un bien aussi précieux
n’a pas et ne peut avoir de prix.
C’est le sens d’ailleurs de l’article 68 (ter) du code électoral qui
interdit les pratiques publicitaires à caractère politique. Les cadeaux
et les libéralités de toute nature « pouvant influencer ou tenter
d’influencer votre vote ».
En somme, ne bradez pas l’avenir, votre avenir, notre avenir, pour
un tee shirt, du thé, un sac de riz ou pour des billets de banque.
En souverains exigeants, constituez-vous en « groupes critiques »
des messages, des projets et programmes qui vous seront exposés.
C’est à vous de choisir, le 22 novembre prochain, le président du
Faso et les députés à l’assemblée nationale.
Un adage Bambara dit que pour l’offrande on n’expose pas le
fétiche « O be djo to boro kono ka son », mais comme nous sommes
en politique, je vous exhorte plutôt à faire vôtre, la sagesse moaga
qui déconseille « d’acheter un poisson dans l’eau » « Ned Ka raad
Ziif koomen Ye »
Donnez-vous les moyens, tous les moyens pour vous assurer que «
le choix que vous allez opérer pour notre destinée commune dans les
cinq années à venir, est le moins mauvais des offres en présence » !
Chers compatriotes !
A présent je voudrais m’adressez spécifiquement aux candidats.
Ceux qui briquent la fonction du président du Faso et ceux qui
aspirent à être députés à l’assemblée nationale.
Je voudrais au nom de la CENI vous adressez mes vives félicitations,
pour avoir réussi la validation de vos candidatures, d’abord au
niveau de la CENI et ensuite devant le Conseil Constitutionnel. Cette
étape franchie, vous allez aborder, dans quelques heures l’étape de
la campagne politique.
Permettez-moi de vous rappeler quelques dispositions de la loi, qui
encadrent la campagne politique :
Article 68, quater du Code électoral : interdit « l’utilisation des
attributs, biens ou moyens de l’Etat, comme ceux d’une personne
morale publique, d’une institution ou d’un organisme public
notamment une société, un office, un projet de l’Etat et une
institution internationale à des fins électoralistes »
Article 71 « il est formellement interdit à tout candidat ou militant des
partis ou formations politiques d’user de la diffamation, d’injures ou
de tout acte de provocation pouvant entacher la moralité et la
sérénité de la campagne électorale »
Sur cette dernière disposition plus spécifiquement, nous devons
veiller à maintenir le climat de sérénité, de concertation et de
consensus national qui entoure ce processus depuis son début en
juillet 2019.
Il ne s’agit pas de se comparer au pire, mais de reconnaître et de
nous féliciter du bon climat dans lequel, ensemble nous sommes en
train d’aller à ces élections générales. Ce bon climat qui nous vaut
l’admiration de la communauté internationale, ne doit pas être remis
en cause, par les vicissitudes de la campagne politique.
Chaque candidat, chaque parti, chaque regroupement d’indépendant
doit bannir dans les propos et les comportements, tout ce qui peut
porter atteinte à notre cohésion sociale, à notre vivre ensemble. La
politique c’est pas la guerre. La politique c’est se mettre au service
des autres. Quand on veut se mettre au service des autres, il ne
peut pas avoir d’animosité, encore moins d’inimitiés. La campagne
passe, le Burkina Faso demeure.
Je voudrais justement me réjouir de la signature sous l’égide du
président du Conseil Supérieur de la Communication « du code de
bonne conduite » qui va régenter et la campagne et le scrutin.
Chers compatriotes !
La CENI que j’ai l’honneur de diriger est prête. Les choses n’ont pas
toujours été faciles, et vous le savez. Par moments, certains sont
allés jusqu’à s’interroger sur la capacité de la CENI à respecter la
date du 22 novembre. Ce doute là, n’a jamais effleuré notre esprit.
C’est pourquoi, malgré le contexte national difficile avec les méfaits
de l’insécurité, nous avons vaille que vaille avec vos prières
constantes enrôlé dans plus de plus de 94 % des 351 communes de
notre pays. Dans plus de 83% des 9299 villages et secteurs de
notre pays.
Cette opération n’a pas été facile, mais nous rendons grâce au tout
puissant, de nous avoir permis de la conduire sans qu’aucune vie
humaine n’ait été perdue.
Le récent audit international indépendant du fichier électoral et les
conclusions auxquelles il est parvenu montrent, à souhait, que cette
CENI là n’a qu’un seul agenda : offrir les mêmes droits et les mêmes
chances à tous ceux qui s’engagent dans la compétition électorale.
Les résultats de l’audit ont montré aussi et c’est important, le
caractère inclusif de notre fichier électoral. C’est à dire que le fichier
électoral constitué par la CENI est représentatif de la population
Burkinabè dans sa diversité et sa composition Homme/femme et
selon les différentes catégories d’âge. Cependant, les jeunes restent
sous représentés dans toutes les régions du pays. Ce qui donne à la
pyramide du fichier électoral, la forme d’un malade du Kwashiorkor.
La base est mince, le ventre est gros et le sommet est effilé.
Chers Burkinabè de l’extérieur !
Vous allez pour la première fois participer au choix du président du
Faso. Nous vous adressons pour cela, une mention spéciale. Dans
certains pays, la campagne électorale est rendue difficile, voire même
impossible à cause de la COVID 19. Mais vous pourrez suivre sur
nos chaines nationales et le réseau Internet pour vous imprégner de
la campagne et des offres politiques en compétition.
Peuple du Burkina Faso
Alors que débute la campagne électorale, je m’en voudrais de ne pas
adresser une mention spéciale à nos vaillantes forces de défense et
de sécurité, les FDS. Je sais ce que vous avez fait, et ce que vous
faites. C’est grâce à vous, que la CENI a réalisé ce que j’appellerai,
le paradoxe heureux. Alors que le contexte sécuritaire est
particulièrement difficile et jamais vu, la CENI a battu un record en
termes de nombre d’enrôlés lors d’une révision du fichier électoral.
Un record a été établi, c’est grâce à vous, et nous vous en sommes
grandement reconnaissant.
A cet instant de mon propos je voudrais rappeler quelques chiffres
importants :
Le fichier électoral qui va servir le 22 nombre est arrêté à 6 490 144
électeurs
Les élections auront lieu à l’intérieur comme à l’extérieur dans 21
155 bureaux de vote
Pour l’élection du président du Faso : 13 candidats en lice
Pour l’élection des députés à l’assemblée nationale, 96 partis, 5
formations politiques et 25 regroupements d’Indépendants, soit un
total de 126 en lice.
Ce qui représente en nombre de listes : 1567
En nombre de candidats : 10 652 repartis comme suit :
5626 titulaires et 5326 suppléants. Il faut rappeler qu’il y a seulement
127 sièges de députés à pourvoir.
Ce nombre exceptionnellement élevé va jouer sur la taille des
bulletins uniques. Pour le Kadiogo, avec les dernières décisions du
Conseil d’Etat, qui feront date certainement, il y aura plus d’une
centaine de partis en compétition. Déjà le bulletin unique était sous
format A2, il risque fort bien de s’allonger en journal à feuilleter.
Nous voudrions à ce propos présenter tous nos regrets aux partis
politiques de ne pas être en mesure de leur fournir les spécimens de
bulletin pour ce début de campagne. Toutes nos précautions pour
disponibiliser les bulletins à temps se sont avérées vaines, à cause
des dernières décisions du Conseil d’Etat. Nous avons besoin de
quelques jours supplémentaires pour prendre en compte les dernières
décisions du Conseil d’Etat, en espérant que d’éventuels pourvoi en
cassation ne viennent pas compliquer plus, pour configurer les
bulletins uniques et les mettre à la dispositions des partis et des
candidats avant la fin de la première semaine de campagne.
Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur
Chers compatriotes
Que Dieu dans sa miséricorde infinie couve de sa bienveillante
protection, cette campagne électorale. Que rien n’arrive à personne.
Ni aux candidats, ni aux observateurs, ni à nos vaillantes forces de
défense et de sécurité. A ce propos justement, le Comité de
sécurisation de la campagne et des élections couplées, sous
l’autorité du président de la CENI, a rencontré les candidats et les
partis politiques pour leur exposer le plan de sécurisation de la
campagne qui commence au petit matin de ce 31 octobre.
Dieu bénisse et couve de sa protection la campagne électorale qui
commence !
Dieu bénisse le Burkina Faso, notre chère patrie !
Bonne campagne à tous !