Alors que le Burkina Faso compte plus d’un million de personnes déplacées internes, dont 60% sont des enfants, et 3,3 millions de personnes dans une insécurité alimentaire aiguë, une nouvelle enquête montre une aggravation de la situation nutritionnelle des enfants.
Cette enquête nutritionnelle dans les communautés et les sites d’accueil des personnes déplacées internes (PDI) au Burkina Faso conduite en Juillet et Août 2020 par l’ONG Davycas en appui au Ministère de la Santé, avec l’accompagnement du Programme Alimentaire Mondial et l’UNICEF a été menée dans 11 départements regroupant une forte concentration de populations déplacées internes. Ces communes abritent un total de 576,972 personnes déplacées internes sur les 1,013,234 recensées4 au niveau national représentant 57 pour cent des PDI.
L’enquête montre que plus de 535,500 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë globale dont 156,500 présentent une forme sévère. Ces enfants malnutris aiguë sévère ont un risque de mortalité neuf fois plus élevé5 que les enfants bien nourris. De plus, les taux de mortalité infantile ont franchi le seuil de référence d’un décès pour 10,000 enfants par jour sur le site d’accueil des populations déplacées de Barsalogho (1,3 ‰0) et dans la commune de Gorgadji (1,7 ‰0).
« Les facteurs aggravants entrainant la dégradation de la situation nutritionnelle des enfants dans ces localités sont principalement liés au déplacement des populations suite à l’insécurité, la réduction de l’accès aux moyens d’existence et la réduction de l’accès aux soins de santé et de nutrition », affirme James Mugaju, Représentant Adjoint de l’UNICEF au Burkina Faso. « La pandémie de coronavirus a brutalement impacté les ménages et leurs capacités à subvenir aux besoins premiers de leurs enfants. Les enfants paient le plus lourd tribut d’une triple crise : sécuritaire, sanitaire et alimentaire ».
L’enquête révèle qu’à Gorom-Gorom dans la région du Sahel et le site d’accueil de populations déplacées de Barsalogho dans la région du Centre-Nord, le nombre d’enfants de moins de cinq ans qui souffrent de malnutrition aigüe globale dépasse le seuil alarmant de 15% fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), atteignant respectivement 18,4 pour cent et 16,1 pour cent. Tout aussi inquiétant, les communes de Dori, Gorgadji, Bourzanga et Fada N’Gourma présentent des prévalences classées élevées de malnutrition aiguë globale variant entre 12,5 à 13,6 pour cent. Enfin, les enfants des communes de Barsalogho, Kongoussi, Ouahigouya, Kaya et Matiacoali ont des taux de prévalences préoccupants de malnutrition aiguë globale variant entre 8,6 et 9,6 pour cent.
Les zones où les enfants sont particulièrement atteints par la malnutrition aiguë sont également celles où l’on retrouve le plus de familles souffrant d’insécurité alimentaire aiguë. Par exemple, la commune de Gorom-Gorom présentant un taux de malnutrition aiguë globale de plus de 15% (18,4%) est située dans la province de l’Oudalan, également en situation d’urgence d’insécurité alimentaire avec au moins un ménage sur cinq ou plus se trouvant dans un déficit alimentaire extrême. Toutes les autres communes enquêtées se situent dans des provinces en phase de crise alimentaire.
« Nous devons encore intensifier les efforts avec les partenaires et les autorités pour assurer la continuité des services de nutrition dans les zones difficiles d’accès et offrir un paquet intégré de prévention et de prise en charge de la malnutrition afin d’atteindre ces enfants dans le besoin d’urgence. C’est essentiel car une bonne nutrition pour les enfants, dès leurs premiers jours et premiers mois les protège contre les maladies et les infections, et favorise leur rétablissement lorsqu’ils tombent malades », a dit James Mugaju, Représentant Adjoint de l’UNICEF au Burkina Faso.
L’UNICEF et ses partenaires intensifient les actions sur le terrain. Les agents de santé à base communautaire sont mobilisés pour se rendre dans les zones les plus isolées afin de dépister et traiter les enfants malnutris au niveau communautaire. Ils prodiguent également des conseils sur les pratiques optimales d’alimentation pour le nourrisson et le jeune enfant y compris dans les situations d’urgence.
L’UNICEF soutient les autorités sanitaires et redouble d’efforts pour l’achat et l’acheminement dans les formations sanitaires des aliments thérapeutiques (laits et aliments thérapeutiques prêt à l’emploi) nécessaires au traitement de la malnutrition aiguë. Plus de 52,600 cartons d’aliments thérapeutiques (soit 737 tonnes) ont été délivrés dans les formations sanitaires et 51,685 enfants malnutris aigus sévères ont été traités depuis Janvier 2020.
« Nous devons agir et travailler ensemble pour concrétiser la promesse historique du Programme 2030 de redoubler d’efforts pour atteindre les Objectifs du Développement Durables (ODD) notamment en matière de nutrition », estime le Représentant Adjoint de l’UNICEF au Burkina Faso.
« Des filles et garçons bien nourris c’est l’assurance d’un bon développement physique et cognitif qui leur donneront les chances égales de grandir épanouis et de réaliser leur plein potentiel », a-t-il ajouté.
Source: Unicef Burkina; medium.com