Suite de l’interview exclusive avec Zéneb Touré : Un bilan annuel de santé lui révèle qu’elle a le cancer de sein. Loin de la décourager, cette nouvelle la pousse à se battre pour survivre. C’est à cœur ouvert que Zéneb Touré nous parle de son combat contre le cancer, de ses projets, de ses succès, bref, de sa vie.
Zéneb Touré a vaincu le cancer de sein. Parlez-nous de ce combat.
Le cancer de sein m’a été imposé mais j’ai choisi de le combattre. Qui dit cancer dit mort, c’est comme ça qu’on pense. Quand j’ai appris que j’avais le cancer, je me suis dit que je ne pouvais pas mourir maintenant. Je pense que j’ai encore beaucoup de choses à donner à la vie, à ma famille, à mes enfants et j’ai encore des projets à réaliser. Je me suis dit : ce cancer est là, c’est vrai mais ce sera un combat entre nous. Je ne sais pas qui vaincra, mais je ne vais baisser les armes et d’après ce que les médecins m’ont dit, cela a été déterminant dans ma victoire sur le cancer.
On dit que 50% du cancer c’est le mental. Si tu es découragé, quel que soit le traitement, c’est perdu d’avance. J’ai eu une force mentale qui m’a permis de traverser ça et c’était extraordinaire. Aujourd’hui avec le recul, je m’en rends compte mais je ne réalisais pas en ce moment.
Le cancer m’a permis de réaliser que tout ce qu’on fait est éphémère. Un simple bilan de santé annuel m’a appris que j’avais le cancer de sein. Tous tes projets sont à l’eau ; tu revois tes priorités. L’élément le plus important, c’était d’être positif, d’apprécier toutes les minutes de la vie que Dieu te donne. Quand je me réveille le matin, je me dis que j’ai le cancer donc je vais tout faire pour la journée soit belle parce que je ne sais pas si demain, je serais là.
Je ne peux imaginer la souffrance des femmes qui se réveillent d’une chirurgie, se regardent dans un miroir avec un seul sein…
Le combat, je l’ai mené en acceptant la maladie, en décidant de m’attaquer à elle et d’être positive. Beaucoup de femmes ont un déni de la maladie, elles la refusent et ça c’est mortel. Pendant les chimiothérapies, on ne sait même pas sur quelle planète on est. C’est tellement dur qu’on ne sait pas quoi faire, on a même plus envie de vivre. Le corps change et ça pour une femme c’est difficile. Physiquement, moi tous mes cheveux sont partis, je suis devenue très noire, on ne pouvait pas même pas me reconnaître. Le cancer, c’est vraiment un combat et ça détruit la féminité. J’ai subi une mastectomie et une reconstruction. J’avais les moyens de le faire et celles qui ne peuvent pas ? Je ne peux imaginer la souffrance des femmes qui se réveillent d’une chirurgie, se regardent dans un miroir avec un seul sein…
C’est un combat difficile mais qui en vaut la peine. Le cancer du sein est le plus facile à guérir mais il faut l’affronter. Malheureusement, c’est une maladie coûteuse qui n’est pas toujours financé par les structures. J’ai eu la chance que mon institution et mon assurance ont remboursés une partie de mes frais.
De ce cancer, j’ai appris la résilience, la combativité, la persévérance, à revoir mes priorités et à laisser tomber les petits détails de la vie qui ne sont pas nécessaires.
Un message à l’endroit des femmes qui souffrent de cette maladie ?
A toutes mes sœurs qui souffrent de cette maladie, je leur dis que je suis la preuve vivante qu’elles peuvent s’en sortir aussi. Il ne faut pas céder au découragement, le combat est très dur, je le sais mais au bout, il y a de l’espoir. J’en suis la preuve.
Donnez trois mots qui vous qualifie le mieux
Je suis une femme battante et résiliente. Je suis loyale et intègre dans mes relations. Je ne fais pas quelque chose dans le dos et quelqu’un et j’attends la même chose des gens qui sont avec moi. Je suis humaniste, j’aime venir en aide aux autres.
Mes deux enfants sont ma réalisation la plus importante
Citez trois choses que vous avez réalisé et dont vous êtes fière
Mon combat contre le cancer. J’ai pu vaincre le cancer, ça c’est une réalisation dont je suis fière. Mes deux enfants sont ma réalisation la plus importante.
La troisième chose c’est la reconnaissance de mon travail comme un élément important du travail de la banque. Le fait d’avoir pu apporter dans l’institution où je travaille des questions qui me portent à cœur et de voir qu’elles ont été reconnues : la question de la société civile par exemple. Ça je le dis en toute modestie, c’est moi-même qui ai porté cette question.
Trois choses qui vous ont marqué dans la vie
Le cancer de sein, la perte de mon père qui a été un grand choc et le fait d’avoir mon petit enfant cette année.
Deux projets personnels qui vous tiennent à cœur
J’ai un projet sur le cancer du sein au Burkina et en Côte d’Ivoire. Mon deuxième projet c’est de créer un grand centre de bien-être.
Entretien réalisé par Faridah DICKO et Nafissatou KIEMTORE