Bébé à bientôt 6 mois ; il va bien falloir se décider à introduire de nouveaux aliments. La diététicienne Yasmine Zerbo, vous explique comment y aller progressivement.
À partir de 6 mois vous avez le temps pour introduire peu à peu toutes les familles d’aliments. En effet, à un an, un enfant est capable de tout digérer, même des légumes secs à condition qu’ils soient en purée (privilégier la purée, très digeste).
Pourquoi pas avant ?
Parce que ce n’est qu’après le 5ème mois que la déglutition volontaire se met en place. L’alimentation peut alors s’épaissir et l’on peut lui faire découvrir la cuillère (que vous proposerez tiède et de petite taille ; pensez au choc de la transition d’avec le sein et la tétine, bien mous et bien chauds).
- Commencer par les farines de céréales
Pour les bébés qui ont un gros appétit, les farines de céréales représentent un petit supplément énergétique préférable à une augmentation du volume de lait pouvant occasionner des reflux. À partir de 6 mois, vous pouvez utiliser les farines sans gluten (une protéine susceptible d’être mal tolérée) à base de riz ou de maïs. Pour éviter tout risque d’allergie, les farines avec gluten – blé, orge, avoine – ne seront introduites qu’après l’âge de 1 an. Les céréales infantiles constituent un petit déjeuner complet et équilibré. C’est idéal pour habituer le tout-petit à faire un vrai repas le matin.
- Continuer avec les fruits et les légumes
Les fruits et les légumes sont riches en eau et représentent une source importante de vitamines, minéraux, oligo-éléments, glucides et fibres. Grâce à leur diversité de goûts, de couleurs et de formes, ils participent à une bonne éducation nutritionnelle.
Dès 6 mois, votre bébé appréciera des légumes doux au goût, bien cuits et peu filandreux : carottes, courgettes, épinards, aubergines… optez pour des légumes frais et nature. Faites évoluer la texture au fil du temps : légumes mixés à 6 mois, moulinés avec quelques grumeaux à 7 mois, écrasés à la fourchette à 12. Les crudités n’ont pas leur place avant 1 an car elles irritent le colon.
Les fruits possèdent les mêmes qualités que les légumes. Commencez par les compotes. Deux ou trois mois après, vous pourrez lui proposer des fruits crus, bien mûrs (pomme, poire, banane,…). Ne forcez pas sur les jus de fruits, ils donnent au tout-petit le goût du sucré. Evitez le jus d’orange pressée avant l’âge de 1 an, il est parfois mal toléré et peut entraîner des ballonnements. Oubliez les fruits exotiques (kiwi, mangues…) qui sont potentiellement allergisants.
- Puis la viande, le poisson et les œufs
La viande, le poisson et les œufs sont riches en protéine, qui joue un rôle fondamental dans la croissance de votre bébé. Vous pouvez commencer à les intégrer à son menu vers 7 mois mais, si votre enfant est allergique, attendez l’âge de 1 an.
Préférez les viandes peu grasses – comme le bœuf, l’agneau, le poulet ou la dinde -, que vous servirez rôties ou grillées. Rouges ou blanches, toutes les viandes ont la même valeur nutritive pour votre bébé. Seule charcuterie autorisée : le jambon blanc dégraissé.
Les poissons (carpe, chinchard) sont faciles à préparer et peu chers. Préparez- à la vapeur.
Pour les œufs, commencez par un jaune bien cuit. L’œuf entier ne sera proposé qu’à partir de 9-10 mois pour éviter une allergie aux albumines du blanc.
A partir de 7 mois : ne pas oublier
– les matières grasses
Ajoutez aux légumes un peu de beurre, riche en vitamine a – précieuse pour la vue -, ou un filet d’huile végétale pour les acides gras essentiels qui sont nécessaires à l’élaboration du système nerveux.
– les laitages (les yaourts surtout)
Ils sont une bonne source de calcium… mais aussi de protéines et ne doivent donc pas se substituer systématiquement au lait infantile. On trouve aux rayons frais des supermarchés des laitages de croissance fabriqués avec du lait de suite. Faites goûter à votre enfant un peu de fromage s’il l’accepte.
– les pâtes alimentaires fines
Pensez au vermicelle et attendez l’âge de 1 an pour le riz afin d’éviter tout risque de fausse route.
Il ne faut pas répondre systématiquement aux pleurs de votre bébé par un biberon. Il n’a pas forcément faim ! mais pas toujours facile de décrypter ses pleurs. C’est la difficulté éprouvée par la plupart des parents, qui lui offrent ce que l’on peut appeler un « réconfort alimentaire ». Avant de vous dire qu’il a faim, demandez-vous s’il a soif, s’il a besoin de vos bras ou, tout simplement, envie de sucer par plaisir.
Ne le forcez pas s’il refuse un nouvel aliment. Il risquerait de se braquer davantage, voire de développer une réelle aversion alimentaire. Et ne tentez pas de le séduire avec une phrase du genre : « allez, fais-moi plaisir, mange ! » une maman qui prépare des petits plats avec amour, c’est bien, mais une mère qui force son petit à manger lui fait violence ! en revanche, rien ne vous empêche de lui reproposer, plus tard, le même aliment et, pourquoi pas, sous une autre forme (purée, soupe…). Il finira par y goûter.
Il est préférable de passer le relais au papa quand ça coince. Parce que celui-ci va s’y prendre d’une autre façon pour lui donner à manger, avec plus de distance et moins d’affect. Face à un bébé qui refuse de manger (souvent pour s’opposer à sa maman), le père parvient parfois à casser un rapport mère-enfant trop fusionnel.
Voilà donc quelques conseils qui lui permettront au bébé de prendre son envol sensoriel avec joie et gourmandise et de débuter la diversification alimentaire sereinement.
Yasmine Zerbo, Diététicienne