Des agences des Nations Unies alertent sur l’impact sans précédent de l’insécurité alimentaire et de la COVID-19 sur la malnutrition des enfants
15,4 millions de cas de malnutrition aiguë chez d’enfants de moins de cinq ans – dont un tiers de sa forme sévère – sont attendus en 2020 en Afrique de l’Ouest et du Centre si des mesures adéquates ne sont pas mises en place dès maintenant, ont alerté le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies. Cela représente une augmentation de 20 pour cent par rapport aux estimations précédentes de janvier 2020, selon une analyse de l’impact de l’insécurité alimentaire combiné à celui de la COVID-19 sur la malnutrition aiguë dans 19 pays de la région.
Les conflits et la violence armée ont entraîné des déplacements massifs de population et limité considérablement l’accès aux services sociaux de base, ce qui a entraîné une augmentation des cas de malnutrition infantile à des niveaux sans précédent. La maladie à coronavirus exacerbe les contextes fragiles en Afrique occidentale et centrale, notamment dans la région du Sahel au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal et au Tchad, qui étaient déjà frappés par l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Selon les prévisions datant d’avant la pandémie COVID-19, 4,5 millions de cas de malnutrition aiguë étaient anticipés en 2020, dans ces 6 pays. Aujourd’hui, avec l’insécurité croissante et la COVID-19, ce nombre est passé à près de 5,4 millions de cas.
« Les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère sont plus exposés aux complications liées à la COVID-19. Alors qu’une bonne nutrition pour les enfants, dès leurs premiers jours, les protège contre les maladies et les infections, et favorise leur rétablissement lorsqu’ils tombent malades », a déclaré Marie-Pierre Poirier, Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. « Assurer la continuité des services préventifs et vitaux de santé et de nutrition, mettre en place des systèmes de protection sociale qui répondent aux chocs, protéger les moyens de subsistance et soutenir l’accès des familles à l’eau, à l’hygiène et à une alimentation saine sont essentiels pour la survie et le développement à long terme des enfants ».
Plusieurs facteurs menacent l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans en Afrique de l’Ouest et du Centre. Il s’agit notamment de l’insécurité alimentaire des ménages, de mauvaises pratiques de nutrition et d’alimentation des mères et des nourrissons, des conflits et de la violence armée, des déplacements de population, des taux élevés de maladies infantiles et de maladies d’origine hydrique telles que la diarrhée, de la fragilité des systèmes de santé, du manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et de la pauvreté chronique.
En plus de ces facteurs déterminants de la malnutrition, les mesures visant à limiter la propagation de la pandémie COVID-19 ont entraîné des perturbations dans la production et la distribution des aliments, dans les chaînes d’approvisionnement sanitaires et humanitaires, ainsi qu’un ralentissement des activités économiques. La pandémie a eu des effets négatifs indirects sur les systèmes alimentaires, les revenus et la sécurité alimentaire des ménages, ainsi que sur la disponibilité et l’accès aux services de traitement contre la malnutrition. Ces mesures ont rendu plus difficile, le maintien d’une alimentation saine des populations, des pratiques optimales d’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants, et leur accès aux services de nutrition essentiels est entravé.
« Des milliers de familles seront incapables de fournir à leurs enfants les aliments nutritifs nécessaires à leur croissance et à leur développement », a déclaré Chris Nikoi, directeur régional du PAM pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. « Nous devons travailler ensemble pour améliorer l’accès aux aliments nutritifs et veiller à ce qu’il y ait des actions préventives fortes qui empêchent les enfants d’être pris au piège de la malnutrition et de la maladie ».
Le PAM et l’UNICEF travaillent avec les gouvernements et leurs partenaires pour assurer la continuité des services essentiels. Ensemble, ils fournissent un ensemble intégré de soins axés sur la prévention et le traitement de la malnutrition aiguë, et renforcent les capacités des communautés à maintenir leur accès à des services de base.
Dans le nord du Mali, par exemple, le PAM et l’UNICEF unissent leurs efforts et leurs ressources pour traiter et prévenir la malnutrition maternelle et infantile et renforcer les bonnes pratiques alimentaires. Cela inclut le dépistage de la malnutrition chez les enfants. Ce dépistage fait partie d’une initiative qui encourage la détection précoce de la malnutrition chez les enfants par les mères et les familles, en utilisant une bande de dépistage de la circonférence moyenne du bras (MUAC). En outre, il permet d’orienter les cas de malnutrition aiguë modérée et sévère vers des établissements de santé, soutenus par les deux agences. Les activités de prévention comprennent des séances de sensibilisation aux pratiques d’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants, soutenues par l’UNICEF, complétées par la remise de bons aux femmes pour qu’elles les échangent contre des aliments nutritifs disponibles sur le marché, avec l’aide du PAM.
Ces chiffres incluent la RDC et représentent le nombre total annuel d’épisodes de malnutrition aiguë, y compris les nouveaux cas et les rechutes. Un enfant peut avoir plusieurs épisodes malnutrition aigüe au cours de la même année. Selon les estimations conjointes de l’UNICEF, de l’OMS et de la Banque mondiale sur la malnutrition (édition 2020), 7.3 millions d’enfants souffraient d’émaciation (sévère et modérée) en Afrique de l’Ouest et du Centre en 2019.
Unicef.org