Au Royaume-Uni, Reni Eddo-Lodge est devenue la première auteure noire à se hisser en tête des ventes de livres pour son essai intitulé Le racisme est un problème de Blancs paru en 2017.
La journaliste et essayiste britannique Reni Eddo-Lodge vient de rentrer dans l’Histoire. À seulement 30 ans, elle est devenue le premier auteur britannique noir – femmes et hommes confondus – à occuper la première place du «palmarès Nielsen des 50 livres les plus vendus au Royaume-Uni», classement de référence qui existe depuis 2001.
«Je suis ravie d’avoir battu les records !» s’est enthousiasmée la principale intéressée sur Twitter en apprenant la nouvelle. Avant de rendre hommage aux auteurs qui l’ont inspirée tout au long de sa vie : «Mon travail repose sur les épaules de tant de géants de la littérature britannique noire : Bernardine Evaristo, Benjamin Zephaniah, Zadie Smith, Andrea Levy, Stella Dadzie, Stuart Hall, Linton K Johnson, Jackie Kay, Gary Younge – pour n’en citer que quelques-uns.»
Militante depuis l’université
Née à Londres en 1989, Reni Eddo-Lodge grandit dans des quartiers populaires de la capitale, puis poursuit des études de littérature anglaise à l’université du Lancashire Central. C’est là que naît son combat militant et féministe. Devenue pigiste, la Britannique écrit régulièrement dans les colonnes du New York Times, du Guardian, Buzzfeed ou i-D.
Son sujet de prédilection ? Le féminisme et le racisme. Mais c’est surtout en 2014 que la jeune femme se fait remarquer avec la publication sur son blog d’un billet qui met le feu aux poudres : «Pourquoi je ne veux plus parler de race avec les personnes blanches». Trois ans plus tard, elle publie un livre au titre évocateur : Le racisme est un problème de Blancs (en France, aux éditions Autrement).
Moins de chances de décrocher un job si vous avez un nom à consonance africaine ou asiatique que si votre nom sonne blanc
Dans cet ouvrage, Reni Eddo-Lodge dissèque la manière dont le racisme imprègne la société britannique et «affecte l’égalité des chances des personnes de couleur», relève Le Monde en octobre 2018. Après avoir épluché données gouvernementales, archives et études universitaires, elle détaille le «racisme structurel» qui demeure au Royaume-Uni. Sa conclusion : «en 2018, à compétences égales, vous avez moins de chances de décrocher un job si vous avez un nom à consonance africaine ou asiatique que si votre nom sonne blanc.» Outre-Manche, l’ouvrage reste dix mois durant dans les meilleures ventes et obtient de nombreux prix. Parmi lesquels le prestigieux «Prix Jhalak» qui récompense un livre britannique écrit par un écrivain racisé.
La force de « Black Lives Matter »
Avant de devenir numéro 1 du classement toutes catégories confondues pour la semaine du 13 juin, l’essai de Reni Eddo-Lodge avait déjà atteint la semaine précédente la première place dans la catégorie des ouvrages de non-fiction en poche. La jeune femme n’avait d’ailleurs pas manqué de le souligner : «Ne peux qu’être troublée par les circonstances tragiques à l’origine de ce succès. Le fait qu’on soit en 2020 et que je sois la première.»
En effet, ce succès s’explique par les récentes manifestations contre les discriminations raciales. Comme le souligne The Guardian, «depuis deux semaines, les classements britanniques regorgent d’œuvres d’auteurs noirs, conséquence des manifestations Black Lives Matter qui se sont répandues dans le monde entier».
Source : madame.lefigaro.fr; afriquefemme.com