La Journée Mondiale de Lutte contre la Désertification et la Sécheresse est célébrée le 17 juin de chaque année.Ce 17 juin 2020 marque le 26ème anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification.
Cette journée s’inscrit dans le processus et la dynamique de la sensibilisation des acteurs tant nationaux qu’internationaux sur les efforts consentis et les défis à relever pour inverser les tendances à la dégradation des terres et à la désertification et atténuer les effets de la sécheresse.
Selon la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification, la désertification se définit comme étant la « dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches, par suite de divers facteurs parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines ».
Elle se manifeste notamment par une perte des superficies boisées et une baisse de la productivité des terres de production.
La désertification touche plus de 40 % de la superficie de la planète, principalement dans les zones arides et semi-arides, et menace la survie de près de 2 milliards des habitants qui y vivent.
L’étude sur la situation de référence conduite en 2017 par mon Département, révèle que le Burkina Faso a subi une dégradation considérable de ses terres, qui est passée de 360 000 hectares par an à 470 000 hectares par an.
Cette dégradation a eu pour conséquences :
– la régression du couvert végétal et la fragilisation des écosystèmes sur 5,16 millions d’hectares de terres, soit l’équivalent de 19% du territoire national ;
– la baisse et la perte de la fertilité des terres ;
– l’insécurité alimentaire, la perte des emplois et des revenus de 80 % des populations qui vivent au dépend des ressources naturelles ;
– les conflits entre les différents usagers des ressources foncières ;
– la perte de la diversité biologique ;
– l’accentuation du changement climatique.
La commémoration cette année de la Journée Mondiale de la Lutte contre la Désertification et la Sécheresse est placée sous le thème « Aliments, Fourrage, Fibres ».
Ce thème nous interpelle sur la nécessité de rechercher un équilibre entre les potentialités de nos terres et la satisfaction des besoins de l’homme et des animaux en aliments, fourrage et fibres.
En effet, la démographie galopante entraine une forte urbanisation et une forte demande des terres pour satisfaire les besoins alimentaires de l’homme et des animaux de même que les fibres pour le vestimentaire et les autres utilisations pour notre vie quotidienne.
Cela accentue les phénomènes de dégradation des écosystèmes, et du changement climatique.
La réponse à la demande des terres productives pour les 10 milliards de personnes d’ici à 2050, nécessite donc une révision des modes de production et de consommation dans une perspective de durabilité.
Selon la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification, un quart des émissions de gaz à effet de serre provient de l’utilisation des terres. La production des vêtements et des chaussures est responsable de 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un chiffre qui devrait se rapprocher de 50% d’ici à 2030.
Face à cette situation, nous devons soutenir la résilience des communautés, maintenir la fourniture des services écosystémiques et contribuer à réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire, aggravées par les catastrophes naturelles et la pandémie de la COVID-19.
C’est dans cette dynamique du développement durable, que le Burkina Faso s’est engagé à gérer durablement ses terres, à travers le développement et la mise en œuvre de projets et programmes transformatifs et de plusieurs initiatives dans le secteur rural.
Au nombre de ces initiatives nous pouvons entre autres retenir:
– l’engagement du Burkina Faso, à restaurer 5,16 millions d’hectares de terres dégradées, d’ici à 2030 dans le cadre de la Neutralité en matière de Dégradation des Terres (NDT) ;
– l’élaboration et l’adoption du Plan de Gestion Intégrée de la sécheresse du Burkina Faso (PGIS), dont la vision est : « en 2030, les populations notamment les groupes vulnérables (femmes et jeunes), les écosystèmes et les secteurs socio-économiques du Burkina Faso sont résilients aux effets de la sécheresse, à travers un système intégré de prévention et de gestion de cette catastrophe ».
– la promotion des emplois verts pour les jeunes, les femmes et les migrants à travers la restauration des terres dégradées dans le cadre de l’initiative 3S (Soutenabilité, Stabilité et Sécurité) et l’appel à l’action de Ouagadougou sur les emplois liés à la terre en Afrique.
A l’occasion de la commémoration de cette journée mondiale de la désertification et de la sécheresse, je lance un vibrant appel à toutes les parties prenantes, pour des actions et initiatives innovantes dans la consolidation de la coopération et de la solidarité en vue de la réalisation de la neutralité en matière de dégradation des terres, qui intègre les principes et approches cardinaux des modes de production et de consommation durables dans la perspective de la satisfaction de nos besoins en aliments, fourrage, fibres.
Avant de terminer mon propos, je saisis également l’opportunité que m’offre cette 26ème Journée Mondiale de Lutte Contre la Désertification, pour adresser mes sincères remerciements à tous les acteurs, notamment du secteur public comme du secteur privé, des collectivités territoriales, des ONG, des partenaires techniques et financiers ainsi que des communautés locales pour les efforts consentis en matière de gestion durable des terres.
En ce début de campagne de reforestation, j’implore le Tout Puissant pour une abondante pluviométrie tout en adressant à tous les producteurs, ainsi qu’à ceux qui s’investiront dans les actions de restauration des terres, toute ma reconnaissance et une très bonne saison.
Bonne célébration de la Journée Mondiale 2020 sur la Lutte contre la Désertification et la Sécheresse.
Batio BASSIERE
Officier de l’Ordre National
SIG
Crédit photo: présidence du Faso