L’accès à l’eau constitue l’un des besoins prioritaires des femmes déplacées internes au Burkina Faso. C’est ce que révèle une étude menée par Oxfam en mars 2020 autour du thème : « les femmes dans la crise au Burkina Faso, survivantes et héroïnes ».
Représentant 84% des 848 000 personnes déplacées internes, les femmes et les enfants sont les plus vulnérables face aux besoins en vivres, abris, éducation, sécurité mais aussi à l’accès à l’eau. L’étude effectuée par Oxfam sur les femmes déplacées de Kaya, Dori, Djibo, Pissila, Barsalogho et Ouahigouya, met en exergue l’urgence de répondre à l’ensemble des besoins primaires, notamment en matière d’eau et d’assainissement.
Si les besoins sont considérables dans tous les domaines, l’accès à l’eau potable constitue la première des priorités des femmes interrogées dans l’ensemble des localités. Elles sont davantage concernées par cette situation car la collecte d’eau relève des responsabilités qui leurs sont traditionnellement assignées. Les femmes déplacées internes doivent parcourir de longues distances pour rejoindre un point d’eau et sont ensuite confrontées à un temps d’attente qui se compte en heures (parfois en jours) avant de recevoir le précieux or bleu. La quantité d’eau obtenue n’est pas toujours suffisante pour satisfaire l’ensemble des besoins. Le nombre d’heures consacrées par les femmes et les filles à la collecte d’eau nécessaire au sein du ménage augmente à mesure que les ressources se raréfient et alourdit encore leur charge de travail.
Les infrastructures d’hygiènes sont inadéquates
Aux besoins hydriques non satisfaits s’ajoutent également un nombre insuffisant de bidons. « 4 bidons pour 5 jours, c’est insuffisant », souligne une personne déplacée interne dans l’un des groupes de discussion à Barsalogho (Centre-Nord).
Mais ce n’est pas tout. En matière d’hygiène et d’assainissement, les femmes déplacées internes sont également confrontées au manque de structures adéquates. Quand elles ne sont pas accueillies par des familles hôtes, les personnes déplacées s’installent sur des sites informels généralement dépourvus d’infrastructures d’hygiène et d’assainissement adéquates. Au nombre de celles-ci, on note l’absence ou la non-séparation des latrines ; un déficit des kits hygiéniques ; l’impossibilité de se laver et de laver ses vêtements.
« Les femmes avec lesquelles nous avons échangé dans les groupes de discussion ont mentionné une prise en compte insuffisante des besoins des jeunes filles et des femmes et un manque d’appréhension des contraintes socioculturelles (et potentielles contradictions) liés à l’usage des infrastructures. » mentionne le rapport d’Oxfam. La discrétion requise dans certaines communautés faut-il le rappeler impose non seulement des toilettes séparées, mais également une localisation discrète des latrines potentiellement non compatible avec l’impératif de sécurité.
Quand la Covid-19 s’en mêle
La situation sanitaire actuelle marquée par le coronavirus ne facilite pas les choses. La pandémie alimente en effet, une inquiétude d’autant plus forte que le manque d’eau ne permet pas de se conformer aux recommandations sanitaires d’usage. L’absence d’eau potable fait courir un risque sanitaire supplémentaire évident et compromet l’instauration des activités de sensibilisation au lavage de main.
Dans le souci d’améliorer la situation des personnes déplacées internes, Oxfam recommande de financer urgemment les réponses humanitaires, en priorité dans les domaines suivants : WASH (eau, assainissement et hygiène), sécurité alimentaire et nutrition, abris, santé et protection.
Dans sa forme actuelle, la réponse humanitaire ne suffit pas pour répondre à l’ampleur des besoins des populations déplacées et des communautés hôtes. Il est donc urgent de trouver des moyens pour soulager ces milliers de burkinabè qui ont tout abandonner pour sauver leurs vies.
Source : Le rapport d’Oxfam sur les femmes dans la crise au Burkina Faso