Le comité ad hoc des employés de la presse privée du Burkina réclame de meilleures conditions de vie et de travail. Dénonçant une situation « exécrable », ils demandent la pleine application de la convention collective et de tout ce que cela implique. C’était ce jeudi 11 juin 2020 à Ouagadougou.
Pas de plan de carrière ni de déclaration à la caisse ; zéro couverture sanitaire et par-dessus tout, la convention collective de 2009 n’est pas appliquée : telle est la situation dans laquelle de nombreux travailleurs des médias privés se trouvent. Le comité ad hoc des travailleurs de la presse privée du Burkina interpelle les patrons et les actionnaires du domaine à ne pas seulement se préoccuper de la consistance des dividendes. Il les invite à avoir un regard attentif vis-à-vis de ceux qui se sacrifient au quotidien pour faire fructifier leurs entreprises.
« Cet appel n’est pas une invite à la charité ou à la compassion à notre égard, mais à la prise de mesures structurelles et nécessaires s’imposant dans le cadre de notre profession ».
Dans leur déclaration liminaire, les membres du comité dénoncent les rudes conditions de vie et de travail des hommes de médias.
« Actuellement, de nombreux hommes et femmes des médias privés crient famine d’une voix inaudible dans le labyrinthe de la misère », explique Hamidou Traoré, journaliste et membre du comité. Suite à l’avènement du coronavirus, beaucoup d’entreprises de presse ont mis une bonne partie de leurs personnels en chômage technique total pour trois mois sans mesure d’accompagnement. Pourtant certains journalistes traînent des arriérés de salaires importants.
Seulement 10 médias sur une centaine appliquent la convention collective de 2009
La Convention collective de 2009 constitue la base légale par laquelle tout contrat de travail doit être conclu entre les travailleurs et les organes de presse privés. « Nous constatons avec consternation que depuis sa signature, une majorité écrasante d’organes ne l’appliquent pas. Sur une centaine de médias privés, on a que 10 qui l’appliquent. », déplore Hamidou Traoré.
A en croire le comité des travailleurs de la presse privée, il n’est pas rare de voir des journalistes rémunérés à 25.000 F le mois ; ce qui est en dessous du SMIG. « Cette situation condamne les agents à une paupérisation continue et sans perspective dans le métier ou du moins la seule perspective, c’est la clochardisation », martèle le comité.
Une retraite et une vieillesse de misère à venir…
Plusieurs journalistes du privé ne sont pas déclarés à la caisse nationale de sécurité sociale par leurs employeurs. Pour ceux qui sont déclarés, très souvent, les cotisations ne sont pas versées à la CNSS. L’absence de déclaration les condamne par conséquent à une retraite sans pension. « Connaissant les carences de notre système de protection sociale, la privation d’un tel droit voue ces agents non déclarés à une retraite et une vieillesse de misère » clame le comité ad hoc.
Le personnel des médias privés exhorte les patrons de presse à la pleine mise en œuvre de la convention collective et tout ce que cela implique. Ils interpellent par ailleurs le ministère en charge de la communication afin de veiller à l’application effective de la convention collective par les patrons de presse.
Faridah DICKO