Confrontées au manque d’eau, manque de soins et manque de nourriture, les femmes déplacées internes sont également exposées aux violences de tout genre. C’est ce que révèle l’ONG oxfam à travers l’étude qu’elle a mené en mars 2020 sur l’impact de la crise actuelle sur la protection et la sécurité des femmes et des filles.Le harcèlement, les violences domestiques, les agressions physiques et sexuelles sont le calvaire que subissent les femmes déplacées internes dans leur site d’hébergement. Installées généralement dans des zones insalubres, ces dernières font face au manque de place pour dormir.
Cette situation a contraint plusieurs d’entre elles à non seulement se coucher à même le sol ou en dehors des tentes mais aussi à partager leur dortoir avec des hommes. « Nous sommes obligées de dormir avec les hommes » a confié une déplacée interne de Pissila lors de l’étude. Une position qui expose les femmes aux violences sexuelles.
En outre, la présence des groupes armés représente un danger majeur pour les femmes déplacées internes. Selon ce que rapporte oxfam, ces femmes craignent un risque élevé d’agression du fait de l’insécurité. Pour celles interrogées dans le cadre de l’étude, elles redoutent le harcèlement, les agressions physiques et sexuelles, et les violences domestiques, dont elles sont confrontées chaque jour.
« 5 jeunes filles ont été violées par des membres des groupes armés, une jeune fille a été violée devant tout le village et laissée pour morte… Une autre a vu son mari et son fils assassinés devant elle… Une dernière a vu son mari, son père, son frère et son beau-père assassinés sous ses yeux » témoigne une déplacée interne de Dori au cours de l’étude. A cet effet, elles plaident pour une plus grande présence des patrouilles des Forces de Défense et de Sécurité.
Oxfam révèle aussi qu’à Barsalogho, une de ses équipes mobile a répertorié 12 cas de viols sur un seul site en deux mois. Selon les femmes interviewées, les cas de viols surviennent à tout moment mais le risque est plus grand la nuit. Le harcèlement et les agressions ont lieu sur le chemin du village, du point d’eau, du marché et peuvent également intervenir dans le cadre de relations avec les autorités, ont-t ’elles précisé.
Les femmes déplacées internes subissent également le harcèlement quand vient le moment de s’enregistrer pour bénéficier d’une aide humanitaire.
« Souvent quand quelqu’un t’aide à t’inscrire, il vient te harceler plus tard s’il te voit seule », a laissé entendre une femme à Dori au cours de l’étude.
Des initiatives contre les violences faites aux femmes
Les femmes cinéastes du Burkina Faso se sont hissées contre les violences faites aux femmes. A l’occasion de la 6ème édition des Journées Cinématographiques de la Femme Africaine de l’image (JCFA) tenue sous le thème « cinéma, genre et lutte contre les violences faites aux femmes » en mars 2020, elles se sont engagées à réaliser des films sur le sujet afin de sensibiliser la société sur les méfaits des violences. A ce titre, elles ont plaidé pour l’instauration d’un prix pour encourager les films qui dénoncent les violences faites aux femmes.
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À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes du 25 novembre 2019, commémoré sous le thème « orangez le monde : la génération égalité s’oppose au viol », Marie Laurence Ilboudo, ministre en charge de la femme a livré un message aux citoyens.
Elle a exhorté toute la population à s’engager dans le combat contre les violences à l’égard des femmes et des filles sous toutes ses formes. Elle a également invité tous les acteurs ressources à redoubler d’efforts pour parvenir à une égalité des sexes afin de mettre fin aux violences à l’égard des filles et des femmes.
Pour sa part, l’Union européenne s’est engagée à accompagner le gouvernement burkinabè dans la mise en œuvre des politiques visant à lutter contre les violences conjugales et extraconjugales, l’excision, le mariage et les grossesses précoces, ainsi que la discrimination et les restrictions des droits économiques pour les femmes qui subsistent encore dans le pays.
Source: le rapport d’Oxfam sur les femmes dans la crise au Burkina Faso