C’est inédit ! Pour la toute première fois, un billet de banque tunisien à l’effigie d’une femme vient d’être mis en circulation. Il s’agit de Tawhida Ben Cheikh, médecin, pédiatre puis gynécologue mais surtout première femme musulmane du monde arabe à exercer ces métiers.
Le directeur du Trésor public de la Banque centrale de Tunisie, Abdelaziz bin Said, avait annoncé dès l’année dernière qu’elle serait mise à l’honneur sur le nouveau billet de 10 dinars afin « d’honorer les femmes tunisiennes ». L’apparition de ce nouveau billet en pleine crise sanitaire est donc un pur hasard. Néanmoins, Abdelaziz bin Said a déclaré que sa mise en circulation arrivait « à un moment opportun pour honorer les professionnels de la santé qui sont en première ligne dans la lutte de la Tunisie contre le nouveau coronavirus ». Le verso du billet rend quant à lui hommage à la femme artisane avec l’illustration de poteries et de bijoux berbères.
Tawhida Ben Cheikh est une véritable pionnière dans son domaine en Afrique du Nord. En 1928, elle est devenue la première femme à obtenir un baccalauréat. Elle a ensuite étudié la médecine à Paris, devenant la première femme médecin en médecine moderne en Tunisie. Elle s’est alors spécialisée en gynécologie et a lancé plusieurs campagnes autour de l’accès à la contraception et à l’avortement.
Cela a notamment conduit à la légalisation de l’avortement en 1965. Ce droit était toutefois accordé qu’aux femmes mariées avec plus de cinq enfants et uniquement avec l’approbation de leur mari. Huit ans plus tard, le pays autorisait l’avortement au cours du premier trimestre à toutes les femmes, indépendamment de l’autorisation de leur époux.
Tawhida Ben Cheikh a également été la première femme médecin à siéger au Conseil national de l’Ordre des médecins de Tunisie. Elle a aussi été vice-président du Croissant-Rouge tunisien et a fondé la première clinique de planification familiale dans son pays. Figure emblématique, elle est décédée à l’âge de 101 ans en décembre 2010.
Selon une étude réalisée en 2017, seulement 15% des billets de banque du monde mettent des femmes à l’honneur. Tawhida Ben Cheikh n’est cependant pas la première femme à apparaître sur un billet de banque dans le monde arabe. Elle remplace Didon, également connue sous le nom de reine Elissa, princesse phénicienne. De plus, le billet de 500 livres syriennes est à l’effigie de Zenobia, une reine du troisième siècle de l’empire palmyrénien qui a mené une révolte contre l’empire romain.