Extraite de la prison de Fleury-Mérogis pour des raisons de santé, l’artiste malienne pourra rester dans un appartement parisien le temps que se déroule sa procédure judiciaire dans le pays.
Rokia Traoré peut souffler, temporairement du moins. Détenue à la prison de Fleury-Mérgis depuis le 10 mars dernier, affaiblie par une grève de la faim, l’artiste malienne a été placée temporairement par la cour d’appel de Paris sous contrôle judiciaire et pourra rester quelque temps dans la capitale française dans des conditions beaucoup plus favorables.
La cour d’appel de Paris devait déterminer ce 25 mars si l’artiste malienne, accusée par la justice belge d’ « enlèvement, séquestration et prise d’otage » de sa propre fille de cinq ans, devait être remise à la Belgique après avoir été arrêtée en France.
État de santé « incompatible » avec la détention
À la suite de l’audience du 18 mars dernier, il fallait d’abord statuer sur la validité du mandat d’arrêt européen à son encontre, régie par les accords-cadres organisant la coopération entre les États de la zone Schengen. Le mandat d’arrêt a été considéré comme valable, l’artiste doit donc bien être remise à la justice belge.
Mais l’avocat de Rokia Traoré, maître Feliho Kenneth, a invoqué l’article 147-1 du Code de procédure pénale suivant lequel « la mise en liberté d’une personne placée en détention provisoire peut être ordonnée, d’office ou à la demande de l’intéressé, lorsqu’une expertise médicale établit que cette personne est atteinte d’une pathologie engageant le pronostic vital ou que son état de santé physique ou mentale est incompatible avec le maintien en détention. »
« Ma cliente avait engagé une grève de la faim depuis plus d’une semaine, elle était très affaiblie, souligne Feliho Kenneth. De plus, de fait de la propagation du Covid-19 dans certaines prisons françaises, les détenus de Fleury-Mérogis s’étaient révoltés… Il fallait donc qu’elle quitte la maison d’arrêt au plus vite. Mais la pandémie empêchait aussi une évacuation de Rokia Traoré vers la Belgique. »
La chanteuse malienne a donc été libérée sous contrôle judiciaire. Elle est libre de ses mouvements mais a dû rendre son passeport diplomatique. Domiciliée à Paris, elle ne pourra pas quitter le territoire français jusqu’à la fin de la procédure engagée par son avocat. Celui-ci va en effet se pourvoir en cassation afin que sa cliente puisse se rendre libre à l’audience qui l’attend à Bruxelles.
« Mme Traoré est fatiguée, amaigrie, mais elle est déterminée, note son avocat. Nous irons jusqu’au bout, nous utiliserons tous les moyens à notre disposition, pour que sa situation puisse être réglée sans qu’elle soit entravée. »
Jeune Afrique