Pour la cinquième fois dans l’histoire de l’Ouzbékistan indépendant, une femme a été nommée hokim d’un district, soit au poste de gouverneure. Si c’est, à ce jour, la seule en poste, le système politique ouzbek semble peu à peu se féminiser.
Petit à petit, les femmes se font une place dans les administrations locales en Ouzbékistan. Comme le rapporte le média ouzbek Gazeta.uz, Difouza Djoumanovna Ouralova a été nommée hokim (gouverneure) du district de Bayaut le 18 février dernier. La nouvelle hokim l’est devenue suite au changement d’emploi de son prédécesseur. Ancienne directrice d’école, Difouza Ouralova a fait ses débuts en politique en 2015 avant de d’être nommée hokim adjointe dans le district de Syr-Daria en 2017. Elle présidait également le Comité régional des femmes.
Difouza Ouralova est la seule femme à ce poste en Ouzbékistan actuellement et la cinquième dans l’histoire du pays, après Manzoura Egamova (district de Jalagoudoug), Sharjon Khoujaniyozova (district de Bogot ), Rakhim Khakimov (district de Samarcande ) et Tohirakhon Marizaïeva (district de Kasansay).
Quelle place pour les femmes dans la politique ouzbèke ?
Les 17 et 18 février, Saida Mirzioieva , la fille du président ouzbek Chavkat Mirzioiev , s’est exprimée au Forum mondial pour les femmes à Dubaï. Elle a affirmé la volonté du gouvernement de soutenir l’amélioration de la condition féminine dans le pays et d’appuyer leur développement politique.
Pour autant, la participation féminine au pouvoir politique semble être en voie d’amélioration. Le nombre de femmes députés a doublé entre 2014 et 2020, retrouvant un partage du pouvoir similaire à celui que connaissait le pays sous l’URSS, estime la banque asiatique pour le développement (BAD). Calculé à environ 35 % pendant la période soviétique, il avait brutalement chuté avec l’abolition des quotas de représentation, réduisant le nombre de femmes au parlement à 8 % en 1998 selon la BAD.
Le président actuel semble s’être engagé dans le développement de la participation féminine. En juin 2019, Tanzila Narbaïev était approuvée présidente du Sénat, première femme de l’histoire de la République à ce poste, tandis qu’Elmira Basitranova devenait vice-Première ministre pour les questions liées aux droits des femmes. Le gouvernement actuel ne compte cependant qu’une seule autre femme à un poste prestigieux, Agrepina Chin, ministre de l’Education .
Un succès en demi-teinte
Plusieurs initiatives législatives et présidentielles ont appuyé le droit des femmes depuis l’arrivée au pouvoir de Chavkat Mirzioïev. Le comité des femmes , créé en 1991 a ouvert une « hot line » (1146) pour répondre aux besoins des citoyennes victimes de violence et plus de 200 refuges auraient été créés. De même, une première loi contre les violences domestiques avaient été adoptées en 2018 avant de refaire l’objet de discussion plus élaborée en mai 2019 tandis que le président signait un décret appuyant l’initiative et dénonçant une condition féminine trop précaire et qu’était créé un comité pour l’égalité des genres.
En revanche, au sein de la société, le statut des femmes est encore trop fragile. Malgré les annonces de la fille du président, on ne peut s’empêcher de noter l’absence de ministres féminines à des postes « clés » comme le Trésor ou la Défense. Les femmes politiques sont cantonnées à des secteurs plus traditionnellement réservés au genre féminin centré sur la famille et le « care ». Le partage du pouvoir au parlement ouzbek est par ailleurs à nuancer. Ainsi, jusqu’à la dernière élection, ce dernier était la structure législative la moins représentative de la région.
Source: novastan