La Communauté d’action pour la promotion de la santé sexuelle et reproductive du Burkina Faso (CAPSSR-BF) a lancé ce samedi 28 septembre 2019, à l’occasion de la journée mondiale de l’avortement sécurisé, une E-campagne pour l’accès des femmes aux services d’avortement sécurisé au Burkina Faso.
<<j’aime ma vie. Je dis non aux avortements clandestins>>, c’est à travers ce slogan que les participants composés de jeunes et de parents ont donné la voix pour lancer la campagne. Elle sera menée, comme son intitulé sur les réseaux sociaux notamment sur Facebook et Tweeter. Cette E-campagne pour l’accès des femmes aux services d’avortement sécurisé est conduite simultanément au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en République démocratique du Congo.
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Selon Mariam Nonguierma, marraine et présidente des sages-femmes du Burkina, ce concept est lancé « pour que tout le monde puisse s’approprier de cette thématique qui est le problème des avortements clandestin provoqué et qui cause beaucoup de problèmes. Il est question de divulgué cette information que le Burkina a pris des lois et des textes qui peuvent prendre en charge ces problèmes ».
La commémoration de la journée mondiale de l’avortement sécurisé a été également l’occasion pour animer un panel sur le thème: « Agissons: l’avortement est un soin de santé ». Trois spécialistes ont analysé l’avortement sous trois angles différents en fonction de leur spécialité. Il s’agissait d’un médecin, Dr Ousseni Compaoré, d’une spécialiste en démographie, d’un chercheur, Dr Natalie Sawadogo et d’une juriste spécialisée en la matière, Soumkinda Traoré .
« Il ne s’agit pas ici de faire l’apologie de l’avortement mais, plaider à l’assoupLissement de la loi »
Pour ces panélistes, l’avortement est une pratique courante dans notre société qu’il soit sécurisé ou non. Selon les statistiques disponibles, on peut estimer à 45, 8 millions d’avortement dans le monde dont 9 millions en Afrique avec plus de 47 mille décès par an. Dans le cas du Burkina, selon les annuaires statistiques de 2017, il a été enregistré 40 988 avortements dont 38 925 spontanés, 1943 clandestins et 120 thérapeutiques.
Ils poursuivent en disant qu’il est important de rappeler aux autorités le droit d’accès de la population à l’avortement sécurisé, il ne s’agit pas ici de faire l’apologie de l’avortement mais de plaider à l’assoupissement de la loi en ce qui concerne l’avortement pour sauver des femmes.
L’avortement sécurisé est celui qui se fait dans un cadre médical par les agents de santé compétents avec la meilleure garantie possible pour la santé de la femme.
L’avortement est interdit au Burkina Faso par la loi, mais la loi permet l’avortement médicalisé, thérapeutique en cas de viol, d’inceste ou dans le cas d’une grossesse à risque.
Et dans ces cas, la victime doit saisir le procureur du Faso qui établit la détresse et il donne une autorisation à un médecin à pratiquer l’avortement sécurisé
Celui qui fait l’avortement en dehors de ces 4 cas est poursuivable et punissable avec les amendes.
Démi Roukiatou Celia, participante au panel, n’est pas contente de cette campagne car elle pense que c’est encourager le meurtre. « Je ne suis pas d’accord avec cette campagne, parce que un enfant n’a jamais empêché quelqu’un de vivre quel qu’en soit les conséquences de sa venue. Que ce soit par viol, inceste ou quoi chaque future mère doit accepter et aimer son enfant. Pour moi l’avortement est un meurtre. Un enfant aide toujours a surmonté les peurs. Le cas où je tolère c’est quand on parle de la santé de la maman ».
Au delà de ces réticences au non de la morale ou de la religion, on constate quand même que l’avortement clandestin est une réalité et chaque année, ce sont des millions de femmes qui meurent par fautes de soins .
La CAPSSR est un regroupement de la société civile qui est spécialisé dans les questions de droit à la santé sexuelle et reproductive et le droit à l’avortement sécurisé au Burkina Faso.
Aminata GANSONRE