Le Burkina Faso, comme la plupart des pays de l’Afrique occidentale a pour langue officielle le français, alors qu’il compte plus de 60 langues. Un nouvel élan dans le sens de la promotion des langues nationales a été ajouté au ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation dans l’optique de mieux revaloriser ces langues nationales.
Au cours de sa séance du 20 mars 2019, le Conseil des ministres a décidé l’adoption d’un projet de loi d’orientation portant modalités de promotion et d’officialisation des langues nationales du Burkina Faso. Ledit projet de loi a été voté à l’Assemblée Nationale le 23 mai 2019 avec pour objectif de faire de ces langues nationales des outils de développement culturel, socioéconomique et de cohésion sociale. Pour Mamadou Lamine SANOGO, Directeur de recherche en sociolinguistique à l’institut des sciences des sociétés (INSS), cette décision est à saluer dans le sens où elle vise à impulser une nouvelle dynamique pour l’enseignement nationale. Des expérimentations des ONG en collaboration avec les experts des centres de recherches linguistiques existent déjà. Il revient donc selon lui de les valoriser pour donner un nouvel élan à ces langues nationales.
De son point de vue, la promotion des langues nationales passe nécessairement par trois étapes importantes que sont le dénombrement de ces langues, la séparation des dynamiques de langues d’avec les dynamiques ethniques et l’équipement de ces langues nationales à travers des manuels pédagogiques pour en faire des outils d’enseignements.
La loi d’orientation portant modalités de promotion et d’officialisation des langues nationales du Burkina Faso stipule en son article 6 que « le développement des langues nationales se fait à travers leur description, leur instrumentation et leur usage effectif dans tous les domaines de la nation ».
Ce dernier point, à savoir l’usage effectif dans tous les domaines est capital.
En effet, estime Lamine SANOGO, le processus de promotion des langues locales doit être utile à chaque citoyen car il ne sert à rien de former une personne dans une langue qui ne lui sera d’aucune utilité plus tard.
« Il faut faire en sorte que celui qui apprend quelque chose, que cela lui soit utile. Si par exemple on apprend à une femme à lire et à écrire dans une langue nationale et qu’à son accouchement, l’acte de naissance de l’enfant est écrit en français, elle ne pourra pas s’en sortir », a-t-il déclaré. Lamine SANOGO
Et d’affirmer qu’un système d’apprentissage qui ne rend pas les apprenants autonomes ne peut les amener nulle part. D‘où la nécessité de travailler à créer un environnement linguistique favorable qui permet aux gens d’être autonomes.
Dans le processus de dynamisation des langues nationales, Lamine SANOGO propose que le système d’apprentissage soit un système qui aboutisse sur quelque chose en rapport avec la vie quotidienne des apprenants. « L’État pourrait faire des actes de naissance et des carnets de vaccination bilingue. Il faudrait qu’une femme qui a appris à lire et à écrire dans une langue nationale puisse avoir un environnement lettré qui lui est favorable, a-t-il fait savoir.
De même nos passeports sont écrits en anglais et en français. Pourquoi ne pas choisir une deuxième langue nationale pour les écrire.
Les langues nationales font partie du quotidien des burkinabè. Elles jouent également un rôle important dans le perfectionnement du système éducatif.
Marie Sorgho