Au Soudan, parmi les quatre femmes qui siègent au gouvernement de Abdallah Hamdok, la diplomate Asma Mohamad Abdallah occupe le poste sensible de ministre des Affaires étrangères.
Une femme à la tête de la diplomatie, cela constitue une première dans l’histoire du Soudan comme dans l’histoire des pays arabes. Cette ancienne diplomate expérimentée de 73 ans, diplômée en économie et science politique de l’université de Khartoum, avait été mise à l’écart par le régime déchu d’Omar el-Béchir. Après trente ans d’interdiction, Asma Abdallah revient à la diplomatie par la grande porte.
Elle est l’une des trois premières femmes fraîchement diplômées à intégrer en 1971 le ministère des Affaires étrangères à Khartoum. Elle fait partie de la mission diplomatique de son pays en Norvège puis au Maroc et représente le Soudan dans plusieurs rencontres africaines et européennes. Asma Abdallah occupe ensuite le poste de ministre déléguée aux Affaires étrangères. De même que celui de directrice adjointe de la section « Amériques » au sein de ce ministère.
En 1990, Omar el-Béchir, qui vient de s’allier à l’islamiste Hassan al-Tourabi, promulgue une loi dite « de l’intérêt général ». En réalité, cette loi permet au régime en place de se débarrasser des diplomates qui ne lui étaient pas favorables dans les ministères souverains. C’est au nom de cette loi qu’Asma Abdallah est alors démise de ses fonctions.
Trente ans plus tard, Asma Abdallah voit dans sa nomination comme chef de la diplomatie une reconsidération et un symbole du grand changement qui a eu lieu après la révolution au Soudan. Lors d’une interview accordée à la chaîne al-Jazeera dimanche, elle a dessiné les lignes générales de sa politique étrangère durant la période de trente-neuf mois de transition. Elle a affirmé que Khartoum est en train d’engager des changements profonds dans tous les domaines.
Remettre l’Afrique au centre de la diplomatie
Sa priorité est d’abord faire retirer le Soudan de la liste des pays accusés par les États-Unis de soutenir le terrorisme, a-t-elle expliqué. Mais elle veut également replacer l’Afrique au cœur de la diplomatie soudanaise. « Sortir le Soudan de son isolement en rétablissant les relations avec les pays frères et amis et aussi avec les pays africains voisins, est notre seconde priorité. »
« Nous croyons vraiment que le Soudan ne peut être séparé de ses frères ni de ses voisins, a-t-elle insisté. Il y a en plus ce sentiment général qui laisse à penser que le Soudan n’a pas donné ce qu’il doit à l’Afrique alors que nous appartenons à ce continent. Je crois que nous allons développer les relations avec beaucoup de pays africains, dans différents secteurs de l’économie. Nous allons pouvoir coopérer et échanger davantage, et ceci pour le bien des pays africains comme pour le bien du Soudan. »