Elles sont belles, intelligentes et souvent, financièrement bien posées comme on le dit dans certains milieux et n’attendent plus que le prince charmant qui va leur passer la bague au doigt. Ces femmes célibataires d’un certain âge que l’on rencontre dans tous les secteurs d’activité à Ouagadougou, peinent pourtant à trouver un mari. Queen Mafa a tenté de décrypter ce phénomène de type nouveau.
Y a-t-il pénurie de maris à Ouagadougou ? C’est la question que beaucoup de femmes se posent tant la proportion des jeunes femmes célibataires, augmente. DG ou PDG, diplomates ou banquières, médecins ou avocates, journalistes ou musiciennes, femmes de ménage ou commerçante, aucune catégorie n’échappe à cette carence fulgurante de mari. « Je viens de fêter mes 36 ans, je ne pense plus pouvoir trouver un homme pour fonder un foyer, bien sûr que je fais des rencontres avec des hommes mais leur objectif c’est juste pour des moments de plaisirs, et lorsque j’ose parler de mariage, ils disparaissent de la même façon qu’ils ont apparu. Ainsi se confie Maria Chantal, une charmante dame, secrétaire dans une société de la place. Célibataire sans enfant, elle est, à présent, décidée à s’entendre avec un homme afin de « faire son enfant » car son rêve de trouver celui avec qui fonder un foyer, à ses yeux ne pourra pas se réaliser. Si Maria Chantal finit par adhérer au phénomène « je fais mon enfant sans mari », Aminata, elle, est plus pessimiste.
D’une voix rauque, la commerçante de 40ans, démarche gracieuse et facile, air décontracté, explique qu’il est de plus en plus difficile de trouver un mari à Ouagadougou. « J’ai attendu en vain celui qui va me porter la bague au doigt, mais rien, je n’en trouve pas. Maintenant, je commence à penser qu’il n’y en aura plus », finit elle par lâcher.
Même son de cloche du coté de Corine qui estime que la situation est assez alarmante. La jeune fille de 33 ans, est cadre dans une banque de la place et n’a physiquement, rien à envier, à miss monde. Elle explique que les hommes semblent avoir peur d’elle. « Je veux vraiment fonder une famille car je pense qu’il est temps, mais j’ai l’impression que les hommes ont peur de s’approcher de moi, j’ai une situation stable, je suis sympa mais le prince charmant se fait rare, et la pression du coté de ma famille ne m’aide pas du tout »confie t- elle, avec tristesse.
Si quelques une vivent toujours sous le toit de leur parent, la plupart vivent en location et mieux, certaines vivent dans des villas de haut standing dont elles sont propriétaires et assument pleinement leur vie de femme célibataire. Malgré la pression de la famille qui peut peser sur certaines d’entre elles, la vue d’une femme vivant seule, avec ou sans enfants, ne semblent plus déranger comme auparavant.
« Le besoin d’intégrer un foyer n’est pas toujours une priorité, vue qu’elles sont autonomes »
Qu’est-ce qui pourrait bien expliquer un tel phénomène ? Pour Mariam Ouédraogo, sociologue, c’est l’instruction qui semble être la première cause. « Dans le passé, c’était très rare de trouver une femme âgée de plus de 30 ans, célibataire, mais de nos jours, c’est assez fréquent. L’instruction fait que la plupart d’entre elles consacrent plutôt leur temps aux études. Un fois le cursus finit, elles ont du travail et deviennent très vite autonomes. « Le besoin d’intégrer un foyer n’est pas toujours une priorité, vue qu’elles sont autonomes » explique t- elle.
Selon les statistiques de l’INSD, issues de l’Analyse de l’état matrimonial et de la nuptialité aux Burkina(2009), l’âge moyen du célibat définitif (seuil critique ou il est difficile d’avoir un mari) est de 35 ans pour les femmes alors qu’il est de 55 ans pour les hommes. Chez les hommes, la proportion de célibat définitif varie peu avec le niveau d’instruction tandis que celle des femmes augmente avec le niveau d’instruction passant de 1,5% pour les sans niveau à 17,8% pour le niveau supérieur.
Les filles d’un niveau universitaire font plus peur d’autant plus que l’augmentation du niveau d’instruction s’accompagne du même coup d’une indépendance financière. Traditionnellement, affirme la sociologue, les hommes ne sont pas encore prêts à se marier avec des femmes plus instruites qu’eux encore moins si elles ont plus de moyens financiers.
Toutefois, pour Fatimata Sawadogo /Diarra, conseiller conjugal, indépendamment du niveau d’instruction, le célibat des filles augmente parce que beaucoup d’entre elle ne comprennent pas toujours les enjeux du mariage. « Elles peuvent avoir tous les atouts du monde , belles, riches et intelligentes , mais tant qu’ elles ne changeront pas leur façon de s’ habiller parfois très extravagante , aucun homme ne voudra les prendre comme épouse ; les hommes veulent des femmes qui peuvent entretenir leur foyer et bien éduquer leurs enfants, et ce n’est pas la beauté ou l’arrogance qui est essentiel pour gérer un foyer » martèle madame Diarra.
Pour Boureima Ouédraogo, couturier celles qui peinent à se marier n’ont qu’à s’en prendre à elle-même. « De nos jours les filles n’étant pas sérieuses, elles ne peuvent pas avoir des hommes sérieux pour se marier. Elles sont toujours en train d’entretenir 2 à 3 relations .Si elles restent sérieuses envers un homme celui-ci sera obligé d’être sérieux avec elles » indique-t-il .Pourtant le même ton accusateur s’observe chez les femmes qui soutiennent que de nos jours, les hommes sérieux se font rares.
Au regard des chiffres, la situation n’est aussi alarmante qu’elle en a l’air car seulement 0,4% de femmes ne vivent pas maritalement à partir de 35 ans. Le mariage considéré comme un privilège pour les femmes a encore de beau jour devant lui.
Malheureusement il y aura toujours des femmes qui attendront le prince charmant… en vain.
Lala KaDer
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